Le Pentagone planche sur un projet de drone pouvant être armé de missiles air-air

À l’heure actuelle, les drones MALE [moyenne altitude longue endurance] et tactiques pouvant être armés n’ont qu’une capacité de frappe au sol. Même chose pour les projets de drones de combat [UCAV] jusqu’alors évoqués.

En 2015, Ray Mabus, alors secrétaire à l’US Navy, avait estimé que l’avenir appartiendrait à ces drones de combat, estimant que le F-35C de Lockheed-Martin serait « certainement » le dernier chasseur-bombardier acquis par la marine américaine. Cependant, il avait toutefois admis que des avions de supériorité aérienne avec équipage seraient toujours nécessaire pour assurer la protection d’un groupe aéronaval.

Mais, en juin 2016, une expérience réalisée par l’US Air Force Research Laboratory et l’entreprise Psibernetix, laissa entrevoir des perspectives nouvelles en matière de combat aérien avec une intelligence artificielle appelée Alpha. Fonctionnant avec une simple carte mère de type Raspberry Pi, cette dernière fut en mesure d’élaborer une stratégie 250 plus rapidement que l’Homme.

Résultat : lors de plusieurs scénarios simulés de combats aériens face au très expérimenté colonel Gene Lee, Alpha prit le dessus. « J’ai été surpris par la manière dont elle était consciente et réactive. Elle semblait être consciente de mes intentions et réagir instantanément à mes changements en vol et à mes déploiements de missiles. Elle savait comment déjouer le tir que je faisais. Elle changeait instantanément entre les actions défensives et offensives en fonction des besoins », racontera plus tard l’ex-pilote de chasse de l’US Air Force au magazine Popular Science.

Aussi, on pourrait imaginer associer cette intelligence artificielle à un drone ayant des capacités air-air. Pour le moment, et en raison des contraintes que cela suppose, un tel appareil n’existe pas. Du moins pas encore…

En effet, dans le cadre du budget pour 2021, la DARPA, l’agence de recherche du Pentagone, a demandé une enveloppe de 22 millions de dollars pour financer le programme LongShot, lequel vise à développer un drone capable d’emporter des missiles air-air destiné à l’US Air Force et à l’US Navy.

Selon la description qui en a été donnée par la DARPA, il s’agit de mettre au point un drone subsonique [voire supersonique], ayant a priori une faible signature radar et pouvant être largué en vol par un avion de chasse ou par un bombardier. Une fois libéré, l’appareil s’approcherait au plus près d’aéronefs hostiles afin de tenter de les abattre.

Cet appareil, explique la DARPA, « utiliserait une ‘propulsion multimode’ pour augmenter considérablement sa portée et son efficacité pour contrer plusieurs menaces aériennes à la fois » et il permettra « d’explorer de nouveaux concepts d’engagements ». Et d’ajouter que le tir de missile air-air au plus près de l’adversaire « réduit son temps de réaction » et augmente aussi les chances de l’abattre.

Reste que ce nouveau projet de la DARPA reprend en partie le concept de « Flying Missile Rail » [FMR, voir photo ci-dessus] qu’elle avait dévoilé en 2017. Il s’agissait alors de mettre au point un appareil autopropulsé, armé d’une paire de missile air-air AIM-120 AMRAAM et pouvant être mis en oeuvre depuis un F-16 ou un F/A-18. Une fois libéré de son « avion hôte », il était censé voler pendant une vingtaine de minutes à la vitesse de Mach 0,9.

Cela étant, avec de tels engins, la question est de ce savoir ce deviendront les missiles à longue portée, comme le Meteor de MBDA ou l’AIM-260 JATM [Joint Air Tactical Missile] développé par Lockheed-Martin?

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