Les États-Unis ont testé un missile sol-sol d’une portée supérieure à 500 km

Avec la fin du Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI], qui interdisait la possession de missiles sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 5.500 km, les États-Unis ont désormais les mains libres pour développer leur arsenal et répondre ainsi à celui la Chine, voire à celui de la Russie, accusée par l’Otan d’avoir manqué aux obligations imposées par ce texte en mettant au point et en déployant le SSC-8 [ou Novator « 9M729 »].

Dès l’annonce officielle du retrait de la signature de Washington du Traité FNI, le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, a indiqué que ses services allaient « poursuivre pleinement le développement de missiles conventionnels tirés depuis le sol dans une réponse prudente aux actions de la Russie. » Et d’ajouter : « Parce que les États-Unis ont scrupuleusement respecté leurs obligations vis-à-vis du traité FNI, ces programmes concernant les systèmes de missiles balistiques mobiles conventionnels, lancés depuis le sol, en sont à leurs débuts. »

En réalité, le Pentagone a anticipé la fin du Traité FNI. Fin qui paraissait inéluctable étant donné que, depuis 2014, la Russie ne donna jamais de réponse satisfaisante aux interrogations suscitées par son missile SSC-8.

Ainsi, le programme PrSM [Precision Strike Missile], qui vise à remplacer le missile balistique tactique MGM-140 ATCAMS du système d’artillerie HIMARS, pourrait être revu pour en augmenter la portée, actuellement fixée à 499 km.

Une autre solution consisterait à s’inspirer du missile BGM-109G Gryphon, un missile de croisière sol-sol [Ground Launched Cruise Missile], retiré du service en 1991, dans le cadre du Traité FNI. Et c’est celle-ci qui a été retenue en premier par le Pentagone.

En effet, le 19 août, ce dernier a annoncé avoir procédé, la veille, à un tir d’essai d’un missile sol-sol depuis l’île de San Nicolas, au large de la Californie.

« Le missile testé a quitté sa rampe de lancement terrestre et touché avec précision sa cible après plus de 500 km de vol. […] Les données recueillies et les leçons tirées de ce test donneront au ministère de la Défense les informations nécessaires au développement de nouvelles armes de moyenne portée », a expliqué le département américain de la Défense. Et de préciser que cet essai avait été conduit par son bureau des capacités stratégiques, en coopération avec l’US Navy.

Selon le lieutenant-colonel Robert Carver, un porte-parole du Pentagon, l’engin testé était une « variante d’un missile de croisière Tomahawk », conçu pour transporter une charge utile conventionnelle et non nucléaire.

Le Tomahawk est habituellement tiré par un système de lancement vertical Mark 41 [Mark 41 Vertical Launching System ou Mk.41 VLS], qui équipe les navires de l’US Navy ainsi que le système antimissile AEGIS Ashore déployé en Roumanie [et en passe de l’être en Pologne]. Ce qui, d’ailleurs, nourrit les critiques russes à son égard, Moscou estimant que leur déploiement viole les dispositions du traité FNI, même s’il met en oeuvre des missiles intercepteurs.

Cependant, d’après un responsable américain cité par l’AFP, le système de lancement utilisé pour le test serait différent de celui qui équipe les installations AEGIS Ashore.

En tout cas, la Russie n’a pas manqué de condamner cet essai de missile sol-sol, en dénonçant, par la voix de Sergueï Riabkov, son vice-ministre des Affaires étrangère, une « escalade des tensions militaires » due aux États-Unis.

« Nous regrettons tout cela. Les Etats-Unis prennent de manière flagrante le chemin d’une escalade des tensions militaires, mais nous ne céderons pas à la provocation », a en effet déclaré M. Riabkov.

Cela étant, avec le développement du missile à propulsion nucléaire Burevestnik 9M730 [et de son pendant naval, avec la torpille Status-6 Poseidon] ainsi que celui d’armes hypersoniques, susceptibles de modifier les paradigmes de la dissuasion nucléaire, la Russie n’est pas en reste…

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