Les nouveaux sous-marins S-80 espagnols sont maintenant trop imposants pour les quais de leur future base

La construction de quatre sous-marins S-80 destinés à la marine espagnole pourrait figurer dans un bêtisier de l’histoire militaire… Confié au constructeur naval Navantia, ce programme devait permettre de remplacer, entre 2015 et 2018, les bâtiments de la classe Agosta, acquis auprès de la France dans les années 1980.

Seulement, en 2013, et alors que la construction du premier sous-marin de la série était presque achevée, il apparut qu’une (grosse) erreur de calcul s’était glissée dans les plans. Résultat : la masse du navire était supérieur de 70 tonnes par rapport à ce qui avait été prévu. En clair, le S-80 pouvait plonger mais sans doute pas remonter à la surface.

En urgence, le gouvernement espagnol demanda à la société américaine Electric Boat, filiale de General Dynamics, de trouver une solution à ce problème. Et il n’y en avait pas 36 : il fallait soit alléger coûte que coûte la masse du S-80, soit allonger sa coque d’environ 9 mètres. La deuxième option fut retenue. Évidemment, cela retarda la mise en service du premier sous-marin et provoqua une hausse des coûts du programme.

Et comme les Agosta ne pouvait pas être remplacés dans les délais prévus, il fallut bien songer à leur redonner du potentiel, faute de quoi, l’Armada espagnole allait être privée de capacités sous-marines, et donc de la possibilité de maintenir les compétences de ses sous-mariniers.

Cela étant, un détail reste à régler : comme les S-80 vont être plus longs et donc plus imposants que prévu [+800 tonnes], les installation de la base navale de Carthagène [Murcie] sont désormais inadaptées.

Aussi, selon El Pais, la nouvelle ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, doit désormais trouver une enveloppe de 16 millions d’euros afin d’apporter les modifications nécessaires pour que les nouveaux sous-marins puissent être mis en oeuvre depuis Carthagène.

Au total, le coût unitaire d’un S-80 (désormais appelé « S-80 Plus ») devrait approcher le milliard d’euros, soit deux fois plus que prévu (et aussi deux fois plus par rapport à ce que coûte un sous-marin de la même catégorie).

Qui plus est, certains observateurs ont des doutes sur les performances du S-80 « Plus », notamment pour ce qui concerne son système de propulsion anaérobie [AIP], basé sur une pile à combustible. La technologie de ce type de dispositif ne cesse de progresser, ce qui fait que les sous-marins qui en sont dotés peuvent être autant performants, par certains côtés, que leurs homologues à propulsion nucléaire.

Or, pour mettre au point ce système AIP, Madrid a fait appel à deux entreprises locales, à savoir Técnicas Reunidas et Abengoa. Seulement, d’après les premières évaluations qui en ont été faites, il s’avère que ce dispositif n’est pas assez performant pour le moment.

« Les sources industrielles admettent que le succès du S-80 dépendra du fonctionnement de l’AIP. Si tel est le cas, il [le sous-marin] deviendra un produit hautement compétitif sur le marché des sous-marins conventionnels, avec des avantages supérieurs à ceux des allemands. Sinon, il faudra admettre que ce sera un projet raté, car personne ne voudra acquérir un tel submersible indiscret », souligne El Pais. Et dont le prix sera aussi nettement supérieur…

En attendant, la marine espagnole devra faire avec les sous-marins Agosta qui lui restent… Le premier S-80 ne sera pas livré avant 2022… ce qui laisse le temps de faire les travaux nécessaires à la base navale de Carthagène.

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