Afghanistan : Le nombre de frappes aériennes américaines en nette hausse

 

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En 2015, l’aviation américaine a effectué 500 raids aériens en Afghanistan pour appuyer les forces spéciales, éliminer des chefs terroristes, empêcher la reconstitution de camps d’al-Qaïda, voire l’implantation de l’État islamique dans le pays, et pour aider les forces afghanes à récupérer le terrain perdu face aux taliban, comme par exemple à Kunduz, en septembre de cette année-là.

Signe que la situation se dégrade en Afghanistan, cette tendance s’est accentuée sur les 10 premiers mois de l’année : en effet, 700 raids aériens ont déjà été menés par l’aviation américaine.

Selon le général Charles Cleveland, le porte-parole de la mission Resolute Support, de l’Otan, cette hausse significative des frappes aériennes est due en partie à l’assouplissement des règles d’engagement des forces américaines décidé par le président Obama en juin dernier, ainsi qu’à un « changement dans la stratégie afghane » pour conduire « plus d’opérations offensives ».

Ainsi, ces règles d’engagements plus souples « ont permis d’apporter un soutien plus actif aux offensives de l’armée nationale afghane de cibler de façon plus agressive l’État islamique », a fait valoir le général Cleveland.

Sur ces 700 frappes, 240 ont été effectuées en soutien aux forces afghanes après le changement des règles d’engagement, 190 ont visé la branche afghane de l’EI [appelée « Province de Khorasan », ndlr] et 50 ont ciblé al-Qaïda. Ces raids ont ainsi empêché les taliban de s’emparer de Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand.

En Afghanistan, l’US Air Force compte un escadron de F-16, une unité de drones et quelques AC-130 Gunship. Les forces américaines disposent également d’hélicoptère d’attaque AH-64 Apache. Ces moyens peuvent être temporairement renforcés par d’autres appareils, comme cela a été le cas cet été, avec deux missions effectuées par des bombardiers B-52 en provenance du Qatar contre des positions de l’EI dans la province de Nangarhar. Une première depuis 2006.

Reste que la situation est toujours compliquée en Afghanistan, dans la mesure où les taliban continuent de gagner du terrain. Un signe ne trompe pas : la surface cultivée de pavot a augmenté de 10% par rapport à 2015. En cause, selon l’Office des Nations unies contre
la drogue et le crime (ONUDC), le recul des forces gouvernementales, qui a entraîné l’effondrement des programmes d’éradication des cultures (-91%).

Qui plus est, les taliban s’approchent de Kaboul. Ainsi, ce 26 octobre, ils ont attaqué la ville de Maidan Shahr, l’une des principales villes de la province de Wardack, avant de couper l’axe reliant Kandahar à la capitale afghane.

Par ailleurs, et malgré la multiplication des frappes aériennes contre ses positions, la branche afghano-pakistanaise de l’EI semble gagner du terrain. D’après Resolute Support, le nombre de ses combattants serait passé de 3.000 à 1.000 dans la province de Nangarhar, son fief. Mais le chef de la mission de l’Otan, le général Nicholson, s’est voulu prudent. « En dépit du nombre élevé de victimes que nous leur avons infligé avec nos partenaires afghans, ils (les combattants de l’EI) semblent très déterminés à établir un califat du Khorasan » en Afghanistan », a-t-il dit, le 23 octobre.

Or, visiblement, la présence de l’EI ne se limite pas à la province de Nangarhar. L’organisation, qui a déjà revendiqué deux attentats spectaculaires contre la communauté chiite de Kaboul (85 morts et 400 blessés en juillet et 18 tués en octobre), compte des militants dans la province de Ghor, dans le centre de l’Afghanistan. Là, dans la nuit du 25 au 26 octobre, ils ont assassiné 30 villageois, dont des enfants, qu’ils avaient pris en otage en représaille de la mort de leur chef, le commandant « Farouk », tué peu avant par les forces de sécurité afghane.

A priori, l’EI s’appuie sur les rivalités tribales pour gagner en influence. À Ghor, deux tribus tadjikes s’opposent : celle de Khodayar se sont rangés du côté des forces de Kaboul, l’autre, les Morghabi », ont rejoint les rangs de la « Province de Khorasan ».

« Nous ne savons pas quels sont exactement les liens des Morghabi avec Daesh, mais ils en partagent l’idéologie », a expliqué, à l’AFP, Abdul Hamid Nateqi, un membre du conseil provincial. Autrefois, les Morghabi étaient liés aux taliban. « Ils étaient impliqués dans des enlèvements, des vols.. Quand la présence de l’EI a été signalée dans le Nangarhar, ils ont progressivement quitté les talibans pour se revendiquer de Daesh », a-t-il ajouté.

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