La Syrie hausse le ton face à la Turquie

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Le 24 août, la Turquie a lancé l’opération « Bouclier de l’Euphrate » dans le nord de la Syrie, en s’appuyant notamment sur des groupes rebelles syriens qu’elle soutient. Cette intervention vise à sécuriser la frontière, en y chassant l’État islamique (EI ou Daesh), et à empêcher les milices kurdes syriennes (YPG), liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), de faire la jonction entre les secteurs d’Afrin, de Kobané et de Djazira qu’elles contrôlent, après leur succès contre les jihadistes obtenu à Manbij avec l’aide de la coalition.

Depuis, le détachement turc (blindés, chars, forces spéciales) et les groupes rebelles (tukmènes et arabes) soutenus par Ankara ont chassé rapidement (et facilement) l’EI de Jarabulus et, plus récemment, de Dabiq. Dans le même temps, des frappes ont visé les positions tenues par les YPG.

Pour Damas, cette présence militaire turque n’est pas acceptable. La semaine passée, l’armée syrienne a estimé qu’elle constituait « une dangereuse escalade et une violation flagrante de la souveraineté de la Syrie ». Et de promettre que tout avion turc violant l’espace aérien syrien serait abattu. Ce qui n’est pas encore arrivé.

À noter que, l’opération « Bouclier de l’Euphrate » a été lancée alors que la Turquie et la Russie venaient de se réconcilier… Sachant l’influence de Moscou en Syrie, l’on peut supposer qu’il y ait eu un accord entre les deux parties… (à moins de croire aux coïcidences).

Quoi qu’il en soit, l’armée turque a fait part, le 26 octobre, du premier incident entre les groupes rebelles qu’elle soutient et les forces syriennes depuis le début de l’opération « Bouclier de l’Euphrate ».

Ainsi, un hélicoptère « considéré comme appartenant aux forces du régime » syrien aurait bombardé des rebelles dans le secteur d’Akhtarine, une ville située à 5 km au sud-est de Dabiq. Selon le communique de l’état-major turc, ce bombardement, commis avec des barrils d’explosifs, a fait au moins 5 tués.

Après ce communiqué turc, le commandant en chef des forces alliées de Damas, qui comprennent le Hezbollah libanais, des milices chiites irakiennes, voire afghanes, et les Gardiens de la révolution iraniens, a lancé un avertissement à Ankara, d’après l’agence Reuters.

Ainsi, toute progression turque vers le nord et l’est d’Alep ferait l’objet « d’une réponse décisive et d’un recours à la force ». Toujours selon ce commandant en chef, dont l’identité n’a pas été précisée, tout mouvement des troupes turques vers Alep est considéré comme une « ligne rouge »à ne pas franchir. « Nous ne laisserons personne utiliser l’excuse de la lutte contre Daech pour avancer et s’installer près des lignes de défense des forces alliées », a-t-il dit.

Or, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, le 22 octobre, que le prochain objectif de l’opération « Bouclier de l’Euphrate » sera la ville d’al-Bab, actuellement contrôlée par l’EI. Et cette localité est justement située à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Alep…

Par ailleurs, le représentant en France des Kurdes de Syrie, Khaled Issa, a accusé Ankara de vouloir empêcher les YPG, qui font partie des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la coalition anti-EI, de reprendre la ville de Raqqa aux jihadistes.

« Avec son artillerie et son aviation, l’armée turque profite de la focalisation de la presse et de la communauté internationale sur Mossoul pour attaquer massivement les Kurdes de Syrie afin de les empêcher de prendre Raqqa », a en effet dénoncé M. Issa, lors d’une conférence de presse.

« Si l’artillerie et l’aviation turques bombardent violemment les positions des FDS dans cette zone et dans le canton d’Afrine c’est, d’une part pour les empêcher de couper les voies ‘approvisionnement de Daech à Raaqa, et d’autre part pour que la Turquie puisse maintenir le contrôle de 70 km de frontières avec la Syrie », a encore accusé M. Issa.

« On ne peut pas aller se battre à Raaqa alors que l’armée turque nous bombarde », a-t-il ajouté, estimant que, pour le moment, les « les conditions ne sont pas réunies pour prendre Raqqa ».

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