Sur la défensive, les Shebab somaliens restent capables de mener des opérations d’envergure

Il n’y a encore pas si longtemps, les combattants islamistes du mouvement Shebab, lié à al-Qaïda, contrôlaient une grande partie du territoire somalien et menaçaient même de prendre le contrôle de Mogadiscio.

Et puis, grâce à l’AMISOM, la mission de l’Union africaine déployée en Somalie avec un mandat des Nations unies, renforcée par des troupes kényanes (finalement intégrées à la force de l’UA) et éthiopiennes, les Shebab ont été contraints de céder du terrain. Dans le même temps, les forces de sécurité somaliennes ont été formées par les occidentaux, comme par exemple dans la cadre de la mission de l’Union européenne EUTM Somalia.

Seulement, les Shebab n’ont pas été anéantis. Bénéficiant du renforts de jihadistes étrangers, ils ont conservé une capacité de nuisance qui se traduit par des attentats perpétrés ponctuellement. Et le dernier en date, commis le 15 avril, tranche les précédents de par son ampleur d’abord, puis par son mode opératoire.

Ainsi, 9 assaillants vêtus avec des uniformes de policiers ou de militaires, dotés très vraisemblablement de ceintures d’explosifs, et apparemment commandés par un ressortissant canadien, ont attaqué le principal tribunal de Mogadiscio. Et alors qu’ils tenaient tête aux forces de sécurité somaliennes et à l’AMISOM, une voiture piégée a explosé une demie heure après le début de l’attaque dans la zone où étaient évacués les blessés et par où arrivaient les renforts militaires.

Au total, au moins 34 personnes ont été tués au cours de cette attaque, qui aura duré plusieurs heures. Jamais un tel mode opératoire n’avait jusqu’à présent été constaté en Somalie alors qu’il est fréquent en Afghanistan, au Pakistan ou en Irak, ce qui suppose une influence venue de ces pays là ou bien un partage des « connaissances » en la matière.

Quoi qu’il en soit, il semblerait que les Shebab sont en train de remonter en puissance depuis quelques semaines. Un expert interrogé par l’AFP met ce phénomène sur  » l’échec du commando français (à libérer Denis Allex, le 12 janvier dernier) », qui les aurait « moralement reboosté » et par l’annonce du retrait » du corps expéditionnaire éthiopien. Mais l’on pourrait citer également la perspective d’élections en septembre prochain ou encore la volonté de montrer que l’AMISOM et les forces de sécurité somaliennes ne sont pas en mesure d’assurer la protection de Mogadiscio comme elles le prétendent.

Cela étant, les Shebabs sont conscient qu’ils ne sont pas en mesure de combattre frontalement des forces armées équipées et entraînées, même s’ils ont pu infliger de lourdes pertes à l’AMISOM (une source officielle a ainsi indiqué, en octobre 2012, que 2.700 soldats ougandais avaient été tués en Somalie…). Et comme ils l’avaient annoncé l’an passé, quand leur situation militaire tendaient à s’aggraver, les seules cartes qu’ils ont à jouer sont celles de la guérilla et du terrorime. Reste à voir maintenant s’ils sont capables de rééditer l’attaque qu’ils viennent de commettre…

D’un certaine manière, la situation somalienne pourrait préfigurer celle que pourrait connaître le Mali dans les mois qui viennent si l’on n’y prend pas garde. Il existe en effet des points communs entre les deux (Etat défaillant, forces armées à reconstruire, présence militaire panafricaine, présence jihadiste dans la région, etc…).

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