Alain Juppé exclut l’idée d’une intervention militaire française au Mali

Le 22 mars dernier, un coup d’Etat militaire déposait le président malien en exercice, Amadou Toumani Touré, à quelques semaines d’une élection présidentielle. Le motif avancé par les putschistes, avec à leur tête le capitaine Amadou Sanogo, était que le pouvoir en place était incapable de lutter efficacement contre les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), qui, aidés par des combattants revenus de Libye les bras chargés d’armes ainsi que par les islamistes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du groupe Jamâa Anssar dine, infligeaient alors revers sur revers à l’armée malienne dans le nord du pays.

Seulement, ce coup d’Etat, condamné par la communauté internationale, a précipité les évènements. Ainsi, au cours de ces trois derniers jours, la rébellion touareg a opéré une avancé fulgurante en s’emparant successivement des villes de Kidal, Gao, siège de l’état-major de l’armée régulière pour le nord du Mali, puis celle de Tombouctou.

Ces succès ont été obtenus en partie grâce à la défection de certaines unités, dont celle du colonel Elhadj Ag Gamou, qui, bien que touareg, était jusqu’alors le chef de la garnison de Kidal. Reste maintenant à voir quelles décisons va prendre le MNLA, maintenant qu’il a atteint tous ses objectifs militaires, lesquels doivent permettre d’obtenir l’indépendance de l’Azawad.

En attendant, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE) – la junte désormais au pouvoir à Bamako – n’a plus trop le choix s’il veut rompre son isolement international provoqué par ses premières décisions. « Compte tenu de la situation de crise », le capitaine Sanogo a ordonné, le 1er avril, le rétablissement de la Constitution qu’il avait suspendue, ainsi que les institutions du pays. Il s’agit pour le chef putschiste d’éviter tout blocus diplomatique et financier de la part de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et d’espérer une éventuelle aide militaire.

Quoi qu’il en soit, la France, qui soutient « à 100% les initiatives de la Cédéao », n’est pas disposée à s’impliquer militairement dans cette crise. Son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, l’a affirmé à l’occasion d’un déplacement à Dakar, ce 2 avril. En revanche, une aide logistique ne serait pas exclue.

« La situation est dangereuse, c’est la raison pour laquelle j’ai demandé à nos ressortissants dont la présence n’est pas indispensable de quitter » le territoire malien, a expliqué Alain Juppé. « Nous pouvons aider sur le plan logistique ou la formation mais il n’est pas question de mettre des soldats sur le sol du Mali » a-t-il ajouté.

« Il faut d’abord travailler sur le plan politique pour que l’ordre constitutionnel soit rétabli » a encore estimé le patron du Quai d’Orsay. « Ensuite il y a la question militaire, puisqu’il semble que l’offensive touareg se déplace vers le sud » a-t-il poursuivi. « Le volet militaire mérite une concertation plus approfondie, il appartient à la Cédéao d’en décider » a-t-il indiqué.

Et le problème réside justement dans l’influence que les groupes armés salafistes peuvent avoir au sein du MNLA. Et Alain Juppé s’en est inquiété. « Il semble que cette fraction islamiste/jihadiste extrémiste (pléonasme!, ndlr) soit en train de prendre le dessus parmis les différentes factions touaregs » a-t-il admis. Et le fait qu’AQMI détient 6 otages français dans le Sahel « nous désigne explicitement comme une cible », a-t-il estimé.

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