Le renseignement ukrainien prétend avoir abattu un bombardier stratégique russe Tu-22 « Backfire »

Si la situation est « difficile » sur le front, comme à Chasiv Yar, selon Kiev, il n’en reste pas moins que les forces ukrainiennes ont encore la capacité de tenter des attaques audacieuses, comme celle menée dans la nuit du 16 au 17 avril contre la base russe de Djankoï [Crimée] avec des missiles balistiques tactiques MGM-140 ATACMS [Army TACtical Missile System], d’une portée maximale de 300 km et lancés par le système M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System].

S’il n’est pas possible de confirmer le bilan humain de cette frappe [l’état-major ukrainien a revendiqué une trentaine de tués et environ 80 blessés], l’imagerie satellitaire permet d’avoir une idée des pertes matérielles subies par les forces russes. Ainsi, il a pu être établi que la partie de base de Djankoï qui abritait des systèmes de défense aérienne S-300/S-400 a été touchée et qu’au moins trois lanceurs et une unité radar ont été gravement endommagés, voire détruits .

Quant aux aéronefs susceptibles d’avoir été visés par une seconde salve de missiles, des impacts peuvent être constatés aux endroits où ils auraient pu se trouver. Mais on n’a aucune certitude sur le fait qu’ils aient été touchés, faute d’éléments supplémentaires pour l’attester. Comme il n’est pas possible non plus de confirmer, pour les mêmes raisons, l’affirmation ukrainienne selon laquelle un dépôt de munitions, abritant notamment des missiles hypersoniques Zircon, a été détruit.

En revanche, il est certain que, le 19 avril, les forces aérospatiales russes [VKS] ont perdu l’un de leurs bombardiers stratégiques Tu-22M3 « Backfire », porteur de missiles Kh-22, régulièrement utilisés pour des frappes en Ukraine. Selon des images diffusées via les réseaux sociaux, on voit cet appareil, en flamme, partir dans une vrille plate, avant de s’écraser dans le district de Krasnogvardeïski, situé dans la région de Stavropol [nord du Caucase]. Deux membres de l’équipage ont été récupérés après leur éjection tandis qu’un autre est toujours porté disparu et que le quatrième y a laissé la vie.

Selon le ministère russe de la Défense, ce Tu-22M3 aurait été victime d’une « défaillance technique » alors qu’il revenait d’une « mission de combat ».

Seulement, la Direction principale du renseignement militaire ukrainien [GUR], impliquée dans les frappes ayant visé les navires de la flotte russe de la mer Noire, a affirmé que le Tu-22M3 avait été abattu « à la suite d’une opération spéciale » qu’elle a menée « en coopération avec la force aérienne [ukrainienne]. Selon ses dires, l’appareil aurait été touché à une « distance d’environ 300 kilomètres de l’Ukraine », grâce « aux mêmes moyens que ceux ayant permis d’abattre l’avion russe A-50 de détection à longue portée ». Et d’ajouter que le bombardier « a pu voler jusqu’à la région de Stavropol, où il s’est écrasé ».

« Il convient de noter qu’il s’agit de la première destruction réussie d’un bombardier stratégique dans les airs lors d’une sortie de combat depuis l’invasion russe », a tenu à souligner le GUR.

Pour rappel, ce dernier a également prétendu avoir abattu deux A-50 « Mainstay » russes [l’un en janvier, l’autre en février]. Dans l’un des cas, il a précisé qu’un missile de défense aérienne S-200 modifié avait été utilisé.

De son côté, la force aérienne ukrainienne a précisé que le Tu-22M3 en question venait de bombardier les villes de Dnipro et de Kryvyï Rig [centre-est de l’Ukraine]. « Nous avons vengé nos villes et nos civils », a-t-elle fait valoir.

Pour rappel, le Tu-22M est entré en service au sein des VKS en 1981. Il est capable d’emporter jusqu’à 12 tonnes de munitions [dont des missiles nucléaires Kh-15] et de voler à une vitesse supersonique [2000 km/h]. Son rayon d’action est de 6800 km.

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