Le navire américain USS Carney a intercepté des missiles et des drones lancés depuis le Yémen

Alors qu’Israël se prépare à lancer une offensive terrestre à Gaza en réponse aux attaques terroristes et aux exactions commises par le Hamas le 7 octobre dernier, la question est de savoir ce que fera l’Iran, qui pourrait profiter de la situation en retenant les milices qui lui sont affiliées afin de peser sur le front diplomatique, notamment en obtenant des concessions de la part des Occidentaux – et des États-Unis en particulier – dans le cadre des négociations sur son programme nucléaire.

En attendant, Téhéran fait monter les enchères. Le 16 octobre, après avoir rencontré Ismail Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas à Doha, et Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah [milice chiite libanaise] à Beyrouth, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, a menacé Israël d’une « attaque préventive imminente » afin d’empêcher une opération terrestre à Gaza.

Le même jour, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a averti que le « temps était compté pour parvenir à une solution politique » et mis en garde contre « l’extension de la guerre entre Israël et le Hamas à d’autres fronts ».

Cela étant, à partir du sud du Liban, le Hezbollah – qui posséderait 130’000 missiles et roquettes – multiplie les escarmouches contre les forces israéliennes, lesquelles ont, dans le même temps, mené plusieurs frappes aériennes contre des aérodromes en Syrie, où sont implantées des milices chiites inféodées à Téhéran.

En Irak, le 18 octobre, les forces américaines relevant de la coalition anti-jihadiste [opération Inherent Resolve, OIR] ont intercepté deux drones en approche de la base aérienne d’Al Asad, alors que le chef de la Maison Blanche, Joe Biden, était en route vers Israël. Or, des milices chiites, soutenues par l’Iran, avaient menacé de s’en prendre aux intérêts américains en raison du soutien de Washington à l’État hébreu.

C’est donc dans ce contexte que, le 19 octobre, le Pentagone a indiqué que, grâce à son système de combat AEGIS, le « destroyer » USS Carney venait d’abattre, en mer Rouge, trois missiles et huit drones qui se dirigeaient « vers le nord » après avoir été lancés depuis des territoires contrôlés par la milice « Ansar Allah » [ou houthiste, soutenue par l’Iran] dans l’ouest du Yémen.

« Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude ce que ces missiles ciblaient, mais ils ont été lancés du Yémen, et se dirigeaient vers le nord, le long de la mer Rouge », a expliqué le général Pat Ryder, le porte-parole du Pentagone.

Ces dernières années, plusieurs rapports du groupe d’experts des Nations unies sur le Yémen ont suggéré que les rebelles houthis, opposés à une coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, avaient reçu un soutien de la part de l’Iran, via notamment des livraisons d’armes, dont des missiles et des drones.

Parmi ceux-ci, certains ont la capacité d’atteindre le territoire israélien. Tel est probablement le cas du missile de croisière Qods-3 [ou Hoveyzeh dans la nomenclature iranienne], dont la portée est estimée à 2400 km, ou encore celui de l’engin balistique Toofan [ou Ghadr-F, dérivé du Shahab-3], ce dernier ayant été récemment livré aux rebelles houthis.

L’interception de ces missiles et de ces drones est survenue quelques heures à peine après l’arrivée de l’USS Carney en mer Rouge, celui-ci ayant transité par le Canal de Suez le 18 octobre. Son déploiement a été décidé dans le cadre d’un renforcement plus vaste de la posture américaine dans la région, avec l’arrivée en Méditerranée orientale des porte-avions USS Gerald R. Ford et USS Dwight D. Eisenhower avec leur escorte ainsi que celle d’un groupe amphibie constitué par l’USS Bataan et comptant 2500 soldats de l’US Marine Corps. Ce dispositif doit être complété par le navire de commandement et de contrôle USS Mount Whitney.

De son côté, le Royaume-Uni a envoyé les navires RFA Argus et RFA Lyme Bay dans la région, ainsi qu’au moins un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon. Et cela en plus des moyens britanniques – notamment aérien – présents à Chypre.

Concernée par la situation dans le sud du Liban compte tenu de sa participation à la Force intérimaire des Nations unies au Liban [que des éléments de la 2e Brigade Blindée s’apprêtent à rejoindre, ndlr] et par le fait que 28 ressortissants français ont été tués lors des attaques terroristes du Hamas, la France a mobilisé, mais sans explicitement faire le lien avec les récents développements en Israël, la Frégate légère furtive [FLF] Surcouf ainsi que la Frégates multi-missions à capacité de défense aérienne renforcée [FREMM-DA] Alsace.

« Dans cette région d’intérêt, les armées contribuent à la capacité d’appréciation autonome de situation de la France. Puissance d’équilibres, la France soutient le droit international en général et la liberté de circulation maritime et aérienne en particulier, en Méditerranée comme partout ailleurs », a seulement expliqué l’État-major des armées [EMA] dans son dernier compte-rendu des opérations.

Photo : USS Carney – US Navy

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