Après les attaques terroristes du Hamas, la France soutient Israël dans le domaine du renseignement

Les organisations terroristes ne font généralement jamais mystère de leurs intentions et ne perdent jamais de vue leurs objectifs. Mais encore faut-il y prêter attention ou ne pas se lasser « duper »… Ainsi, pendant que le Hamas s’attachait à endormir la vigilance d’Israël, focalisé sur les menaces incarnées par le Hezbollah libanais et sur les activités nucléaires de l’Iran, sa branche militaire [les « Brigades Ezzedine Al-Qassam », ndlr] s’est associée à huit autres groupes armés palestiniens de la bande de Gaza au sein d’une « salle des opérations conjointes ».

Le fonctionnement de cette alliance a été décrit par Ayman Nofal, le porte-parole des « Brigades Ezzedine Al-Qassam », dans un rare entretien accordé à la chaîne de télévision quatarienne al-Jazeera, en juin 2023. Selon lui, cette « salle des opérations conjointes » a été mise sur pied en juillet 2018, en marge des troubles survenus le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza lors de la « Nakba » [la « Grande marche du retour »] et au cours desquels des ballons incendiaires avaient été envoyés vers le territoire israélien.

Par la suite, cette alliance a revendiqué des attaques contre Israël [en particulier des tirs de roquettes] sans préciser l’identité du groupe armé qui en avait été à l’origine. En outre, et à partir de 2020, elle a organisé des exercices annuels, appelés « Firm Support », dont les scénarios prévoyaient une attaque contre la frontière avec Israël et l’enlèvement de soldats de Tsahal.

« Les exercices [Firm Support] sont largement couverts par les médias, dont les représentants sont invités à les observer », a ainsi relevé le Centre d’information sur le renseignement et le terrorisme Meir Amit, dans une note publiée le 18 juin 2023.

Seulement, il est depuis apparu que ces exercices ont surtout consisté à préparer les attaques terroristes du 7 octobre dernier, survenues à la veille du cinquantième anniversaire de la guerre de Yom Kippour. Après des tirs de plusieurs centaines de roquettes et de missiles, accompagnés, probablement, d’attaques informatiques, des hommes armés ont réussi à s’infiltrer en territoire israélien en prenant en défaut les systèmes de surveillance de la barrière de sécurité et en utilisant des paramoteurs. Seule une tentative d’infiltration par la mer, avec des jet-skis, a pu être déjouée par Tsahal.

Massacre du festival de musique « Tribe of Nova », atrocités effroyables commises contre les habitants de plusieurs kibboutz, assassinats de masse dans les rues de localités israéliennes, assaut contre des emprises de Tsahal, enlèvements de femmes, d’enfants et de personnes âgées, etc. Une semaine après, le bilan de ces attaques terroristes n’est pas encore définitif. Selon les derniers chiffres, plus de 1400 personnes ont été tuées par les terroristes, qui ont en outre fait 155 otages.

En réponse, Israël a lancé l’opération « Iron Sword » [« Épée de fer »], avec l’objectif « d’éradiquer » le Hamas. Et, ayant battu le rappel de ses réservistes, l’armée israélienne se prépare à lancer une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Offensive qui s’annonce très compliquée, comme toute opération en milieu urbain. D’où les appels à la population civile à quitter la ville de Gaza [soit plus d’un million de personnes] alors que les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture ont été coupés.

En attendant, Tsahal multiplie les raids aériens contre les positions de l’organisation terroriste et celles de ses alliés à Gaza. L’un des responsables des attaques du 7 octobre, Ali Qadhi, a ainsi été tué par une frappe de drone. De même que Murad Abu Murad, le responsable des « forces aériennes » des Brigades Ezzedine Al-Qassam.

Quoi qu’il en soit, Israël se trouve dans une position très délicate. Sur le terrain informationnel, le moindre « dommage collatéral » à Gaza sera exploité par le Hamas [et c’est d’ailleurs déjà le cas…]. D’où l’appel aux civils à évacuer la ville avant le début de l’offensive terrestre. Dans le même temps, le Hezbollah, armé par l’Iran, pourrait ouvrir un second front. Et c’est sans compter sur la présence de milices pro-iraniennes en Syrie…

Les récents entretiens qu’a eus le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, avec Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas [au Qatar, ndlr] et avec Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah [au Liban] avant de se rendre à Damas, laissent craindre une telle issue…

D’où l’envoi, par les États-Unis, des porte-avions USS Gerald R. Ford et USS Dwight D. Eisenhower en Méditerranée orientale afin de « dissuader les actions hostiles contre Israël ou tout effort visant à élargir cette guerre après l’attaque du Hamas ». De son côté, le Royaume-Uni a annoncé le déploiement, dans la région, des navires RFA Argus et RFA Lyme Bay ainsi que celui d’un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon. Par ailleurs, il peut aussi compter sur les moyens militaires – notamment aériens – dont il dispose à Chypre.

Cela étant, la France est directement concernée par les attaques du Hamas dans la mesure où celles-ci ont causé la mort, selon un dernier décompte du Quai d’Orsay, de 19 ressortissants français. Et 13 autres sont toujours portés disparus, ce qui laisse craindre qu’ils soient retenus en otage par l’organisation terroriste.

Pour le moment, Paris n’a pas fait d’annonce sur un éventuel renforcement de sa posture militaire en Méditerranée orientale, celle-ci reposant actuellement sur les moyens de la force Chammal ainsi que sur ceux mis à la dispostion de la Force intérimaire des Nations unies au Liban [FINUL/opération DAMAN]. Pour autant, un soutien est apporté à Israël, comme l’a indiqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, dans un entretien publié ce 16 octobre par les journaux du groupe EBRA.

« L’essentiel du soutien que nous apportons aujourd’hui est du renseignement. Le renseignement fourni l’est dans le cadre du partenariat habituel entre nos deux pays. Nous avons malheureusement une longue expérience en matière de lutte antiterroriste et nos services de renseignement disposent de moyens et de capteurs particulièrement performants », a en effet déclaré M. Lecornu, suggérant ainsi une implication de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE]. Cependant, il n’a pas souhaité en dire davantage… si ce n’est qu’il aura un entretien avec Yoav Gallant, son homologue israélien, dans les jours à venir.

Et à la question de savoir si les forces spéciales françaises allaient être mobilisées pour libérer les otages retenus par le Hamas, M. Lecornu a botté en touche. « Par définition je ne peux commenter ce que peuvent faire – ou ne pas faire – nos forces spéciales », a-t-il répondu. Cependant, a-t-il assuré, « nous sommes en contact permanent avec le gouvernement israélien pour le suivi de nos otages ».

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