Washington sanctionne deux groupes armés pro-turcs syriens, impliqués dans des exactions contre les Kurdes

En janvier 2018, et avec le soutien de groupes rebelles fédérés au sein de l’Armée syrienne libre [ASL], la Turquie lança l’opération « Rameau d’olivier » afin de chasser les milices kurdes syriennes [YPG], alors à la pointe du combat contre l’État islamique [EI ou Daesh], du canton d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie. Ce qu’elle parvint à faire…

Puis, l’année suivante, Ankara lança une nouvelle offensive contre les YPG. Appelée « Source de paix » et également menée avec l’ASL, celle-ci lui permit d’établir une zone tampon de 120 km de long pour 30 km de large entre Tall Abyad et Ras al-Aïn.

Cela étant, en 2020, la Commission d’enquête indépendante et internationale [COI] des Nations unies sur le conflit syrien dénonça les exactions commises par les groupes rebelles syriens pro-turcs à l’égard des populations kurdes installées dans les territoires désormais passés sous le contrôle d’Ankara. Plus tôt, elle avait estimé que la Turquie pourrait être « pénalement tenue pour responsable des graves violations commises par ses alliés de l’Armée nationale syrienne ».

Cependant, la Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, qui était alors Michelle Bachelet, exhorta la Turquie à « lancer immédiatement une enquête impartiale, transparente et indépendante sur les incidents » ayant impliqué des groupes armés « sous le contrôle effectif » d’Ankara. Mais les autorités turques lui opposèrent une fin de non-recevoir. « Nous rejetons entièrement les allégations infondées contre des groupes de l’opposition syrienne opérant sur le terrain pour combattre le terrorisme et permettre le retour des réfugiés », lui rétorqua le ministère turc des Affaires étrangères.

Et les choses en restèrent là… Mais, ce 17 août, les États-Unis, qui, autrefois, apportèrent un soutien à plusieurs de ces groupes rebelles syriens, ont fini par prendre des mesures.

En effet, le département américain du Trésor a annoncé qu’il venait de sanctionner deux de ces formations, à savoir la Brigade Suleiman Shah et la Division Hamza, ainsi que leurs chefs, pour leur implication dans de « graves atteintes aux droits humains contre les personnes résidant dans la région d’Afrin ».

Ainsi, constituée en majorité de combattants turkmènes, la Brigade Suleiman Shah, qui a également combattu en Libye et au Haut-Karabakh, est accusée de « soumettre » la population d’Afrin à des enlèvements et à des extorsions.

Cette formation a « ciblé les résidents kurdes d’Afrin, dont beaucoup sont victimes de harcèlement, d’enlèvements et d’autres abus jusqu’à ce qu’ils soient forcés d’abandonner leurs maisons ou de payer de fortes rançons pour la restitution de leurs biens ou des membres de leur famille », détaille le Trésor américain.

Quant à la Division Hamza, née de la fusion de plusieurs groupes rebelles syriens et qui se qualifie de « force spéciale », elle a aussi été envoyée en Libye et au Haut-Karabakh. L’administration américaine l’accuse d’être « impliquée dans des enlèvements, des vols de biens et des actes de torture ». Et de préciser qu’elle « gère également des centres de détention dans lesquels elle retient ceux qu’elle a enlevés pendant de longues périodes ».

Les sanctions visant ces deux entités et leurs principaux chefs relèvent du décret présidentiel (E.O.) 13894. En clair, « tous les biens et intérêts sur les biens » des personnes visées « qui se trouvent aux États-Unis, ou sont en possession ou sous le contrôle de personnes américaines, doivent être bloqués et signalés » au Trésor américain. En outre, les ressortissants non américains qui effectueraient des transactions avec les individus sanctionnés sont susceptibles de faire aussi l’objet de sanctions.

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