Niger : La junte dénonce les accords de coopération en matière de défense et de sécurité conclus avec la France
Alors que la France entamait l’évacuation de ses ressortissants [ainsi que ceux d’autres pays] du Niger, théâtre d’un coup d’État mené par le général Abdourahamane Tchiani contre le président élu Mohamed Bazoum, l’État-major des armées a assuré que le départ des militaires français n’était « pas à l’ordre du jour ».
Et pour cause : après le départ de la force Barkhane du Mali et celui du détachement de forces spéciales « Sabre » du Burkina Faso, le Niger est l’un des points d’appui de la présence militaire française au Sahel, avec le Tchad. Ce qui se traduit par un « partenariat de combat » avec les forces armées nigériennes [FAN] contre les groupes jihadistes qui sévissent dans la région, dont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM, affilié à al-Qaïda] et l’État islamique au grand Sahara [EIGS].
Le Niger accueille ainsi une base aérienne projetée [BAP, à Niamey], laquelle abrite cinq drones MQ-9A Reaper [block 5] et au moins trois chasseurs-bombardiers Mirage 2000D. Des détachements français ont été déployés dans les secteurs d’Ouallam et d’Ayorou, près de la frontière avec le Mali. Et, il n’y a pas encore si longtemps, l’état-major des FAN n’avait dit que du bien de ce « partenariat de combat ».
Seulement, il faudra sans doute parler de ce dernier au passé… Si les putschistes maliens et burkinabè avaient attendu quelques mois avant de dénoncer les accords militaires passés avec la France, la junte nigérienne n’a pas perdu de temps.
En effet, via le communiqué n°19 lu par son porte-parole, le colonel Amadou Abdramane, à la télévision publique nigérienne, la junte a annoncé son intention de mettre un terme à l’accord du 19 février 1977 sur la coopération militaire technique, à l’accord du 25 mai 2013 relatif au régime juridique de l’intervention des militaires français au Niger pour la sécurité au Sahel et à l’accord du 19 juillet 2013 sur le statut des militaires français présents au Niger.
Même chose pour « l’arrangement technique du 2 janvier 2015 relatif au stationnement et aux activités du détachement inter-armé français sur le territoire » nigérien et pour le « protocole additionnel du 28 avril 2020 » concernant la force [européenne] Takuba.
Et de justifier de telles décisions par « l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation interne qui prévaut » au Niger depuis que le président Bazoum a été déposé par le général Tchiani. Auparavant, la junte avait annoncé la suspension de Radio France Internationale [RFI] et de France24 dans le pays.
Selon les dispositions prévues par ces accords, les forces françaises ne pourront plus mener d’opérations de contre-terrorisme d’ici un mois… Et elles ont un préavis de six mois pour quitter le Niger. Pour le moment, Paris n’a pas encore réagi à ces annonces.
En tout cas, celles-ci mettent un coup d’arrêt à la nouvelle stratégie française en Afrique, définie par le président Macron, en février. Ce dernier avait en effet promis une « diminution visible » des effectifs militaires français sur le continent africain [pour le coup, on peut dire, non sans ironie, que cet objectif sera tenu…] ainsi qu’un « nouveau modèle de partenariat » impliquant une « montée en puissance » des forces africaines.
Par ailleurs, les putschistes ont également fait part de leur décision de mettre fin aux « fonctions des ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de la République du Niger […] auprès de la République française », du « Nigeria », de « la République togolaise » et des « États-Unis ».
Justement, si l’on dit soutenir le président Bazoum à Washington, la diplomatie américaine marche sur des oeufs, hésitant ainsi à parler de « coup d’État » afin de ne pas compromettre la coopération avec Niamey en matière de contre-terrorisme. Pour rappel, les États-Unis comptent environ un millier de soldats au Niger et disposent d’une base aérienne à Agadez, laquelle abrite des drones.