Avec 27 milliards d’euros de commandes en 2022, les exportations françaises d’armement ont plus que doublé

En 2022, le déficit commercial de la France s’est élevé à 163,6 milliards d’euros [contre 85 milliards en 2021] et ainsi atteint un niveau « record » depuis 1949… Ce résultat aurait été certainement plus mauvais sans les exportations d’équipements militaires. Et peut-être que celles-ci permettront de redresser la barre dans les années à venir.

En effet, le montant total des commandes à l’exportation notifiées à la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française a atteint le montant de 27 milliards d’euros l’an passé, pulvérisant ainsi le record de 16,9 milliards établi en 2015. Par rapport à 2021, la hausse est d’environ 130%.

« L’armement français n’est pas seulement apprécié au travers du Rafale, il s’impose comme une référence mondiale dans un large spectre capacitaire : missiles, frégates, sous-marins, artillerie, hélicoptères, radars, satellites d’observation », a commenté Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, dans le dernier rapport annuel au Parlement sur les exportations d’armement. Si ce document n’a pas encore été publié, l’AFP et La Tribune ont pu en avoir une copie.

Évidemment, l’entrée en vigueur du contrat « Rafale » [80 exemplaires] signé par les Émirats arabes unis explique en grande partie cet excellent résultat, puisqu’il représente 60% des prises de commandes. Mais ce dernier excepté, le niveau des ventes d’équipements militaires français à l’exportation est légèrement supérieure à la moyenne constatée lors des précédents exercices.

Avec six Rafale supplémentaires et trois Frégates de défense et d’intervention [FDI], la Grèce a passé commande pour 3,9 milliards d’euros à la BITD française. Elle est suivie par l’Indonésie [avec 6 premiers Rafale sur 42 prévus] et… la Pologne [avec deux satellites d’observation « Pléiades Neo » acquis dans le cadre d’un contrat d’une valeur totale de 575 millions d’euros].

Durant la période 2013-22, les principaux clients de l’industrie française de l’armement sont les Émirats arabes unis, l’Égype, le Qatar, l’Inde, l’Arabie Saoudite et la Grèce.

Le secteur aéronautique tire les exportations françaises vers le haut dans la mesure où, l’an passé, il a représenté deux tiers des prises de commandes. Et ce n’est pas fini : si l’Inde a ainsi récemment sélectionné le Rafale Marine pour son aéronavale, d’autres pays envisagent d’acquérir le chasseur-bombardier de Dassault Aviation [Colombie, Serbie], voire d’en commander d’autres [Qatar]. De tels contrats en amènent d’autres, notamment dans le domaine des munitions et celui du maintien en condition opérationnelle.

Cela étant, la situation paraît plus contrastée pour le secteur de l’armement terrestre. Ainsi, l’année 2022 aura été décevante pour Arquus sur le front de l’exportation. Et cela, malgré le contexte international marqué par la guerre en Ukraine. En revanche, Nexter/NKDS a réussi à tirer son épingle du jeu, grâce à plusieurs contrats concernant le CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie].

Quoi qu’il en soit, si cette tendance se poursuit, la France pourrait bien devenir le second exportateur mondial d’armements, loin derrière les États-Unis. En effet, occupant jusqu’à présent cette place, la Russie a vu ses ventes diminuer significativement au cours de ces dernières années, ses parts de marché étant passées de 22 à 16%.

La France « gagne une plus grande part du marché mondial des armes tandis que les exportations d’armes russes diminuent » et cette « tendance est appelée vraisemblablement à se poursuivre car, fin 2022, la France avait beaucoup plus de commandes d’armements en cours que la Russie », a ainsi estimé l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI], dans une note publiée en mars dernier.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]