La Corée du Sud a récupéré des débris de la fusée nord-coréenne qui s’est abîmée en mer après son décollage

Bien que visée par des sanctions décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies [et donc acceptées par la Chine et la Russie, avec lesquelles elle entretient pourtant de bonnes relations], la Corée du Nord poursuit ses activités nucléaires et son programme de missiles balistiques.

Selon le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU, celui-ci a même connu une accélération « spectaculaire » entre septembre 2022 et le 1er janvier 2023, avec plus de quarante-trois missiles tirés, dont deux missiles balistiques intercontinentaux.

« Pendant la période considérée, la République populaire de Corée a tenté de démontrer la fiabilité, la complémentarité et l’état de préparation opérationnelle de ses vecteurs d’armes nucléaires aux niveaux stratégique et tactique », est-il avancé dans ce rapport.

En avril dernier, le programme nord-coréen a franchi une nouvelle étape, avec le tir réussi du missile balistique intercontinental mobile Hwasong-18 qui, à la différence des précédents modèles, utilise du propergol solide. Seuls deux pays disposaient d’une telle capacité : la Chine [avec le DF-41] et la Russie.

Cette avancée technologique n’est pas sans importance : comme un combustible solide peut être stocké durant une longue période sans s’altérer, contrairement à un propergol liquide, le temps de préparation avant le lancement d’un missile est considérablement réduit, ce qui permet d’être encore plus réactif.

Quoi qu’il en soit, des progrès aussi rapides ne peuvent que nourrir des soupçons sur une aide extérieure dont auraient bénéficié les ingénieurs nord-coréens. En attendant, et même si la technologies des missiles balistiques est proche de celle des lanceurs spatiaux, Pyongyang éprouve quelques difficultés à mettre des satellites en orbite.

Ainsi, après quatre échecs successifs [en 1998, 2006, 2009 et 2012], la Corée du Nord a réussi le lancement des satellites d’observation [du moins étaient-ils supposés l’être] Kwangmyŏngsŏng-3 [en décembre 2012] et Kwangmyŏngsŏng-4 [en avril 2016], en utilisant des fusées de type Unha. Cela étant, on ignore si ces engins ont été opérationnels dans la mesure où il n’a jamais été possible de capter leurs signaux.

Mais il en est allé autrement pour la fusée Chollima-1, qui devait emporter le satellite de « reconnaissance » militaire Malligyong-1, destiné à « faire face aux actions militaires dangereuses des États-Unis et de leurs vassaux », selon une annonce faite par Pyongyang le 30 mai.

En effet, moins de vingt-quatre heures plus tard, ayant décollé de Tongchang-ri, le lanceur Chollima-1 a été victime d’une « perte de poussée due à un démarrage anormal du moteur de son deuxième étage, après la séparation du premier étage pendant un vol normal », a expliqué l’agence officielle nord-coréenne KCNA. Et il s’est abîmé en mer, à environ 200 km au large de l’île d’Eocheong.

Si ce lancement a été « fermement » condamné par Tokyo, qui a dénoncé une nouvelle violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que par Séoul, cet échec nord-coréen sera une aubaine pour les services de renseignement… puisque ceux-ci pourront étudier de près les débris du lanceur Chollima-1 et du satellite Malligyong-1 qui ont été récupérés par les forces sud-coréennes.

Il sera ainsi possible d’avoir une « bien meilleure compréhension du niveau d’expertise de la Corée du Nord en matière de lanceurs de grande taille à plusieurs étages », a d’ailleurs commenté l’analyste Ankit Panda, spécialiste des affaires coréennes, auprès de l’AFP. Et cela permettra probablement d’en savoir davantage sur la technologie utilisée par les missiles balistiques nord-coréens.

Sur ce point, et à l’instar du Japon et de la Corée du Sud, les États-Unis ont également condamné le lancement de la fusée Chollima-1 , lequel « utilise la technologie des missiles balistiques » et « risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région et au-delà ».

Par ailleurs, le fait que la fusée nord-coréenne a été lancée dès le premier jour de la fenêtre de tir notifiée par Pyongyang à l’Organisation maritime internationale [OMI] pose des questions sur la procédure suivie. « Il est vrai qu’elle est devenue plus rapide que par le passé et on cherche à en savoir plus », a indiqué une source militaire sud-coréenne, selon l’agence Yonhap.

Photo : Archive

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