Washington et Pékin se renvoient la balle après un incident entre un RC-135V américain et un J-16 chinois

Relativement rares jusqu’alors, les incidents aériens et navals en mer de Chine méridionale sont de plus en plus nombreux ces derniers temps.

« Nous voyons une forte augmentation des comportements dangereux et non professionnels de la part des navires et des avions [chinois] à l’égard non seulement des forces américaines mais aussi des forces alliées opérant dans la région », avait ainsi relevé Ely Ratner, un responsable du Pentagone, en juillet dernier.

En France, la Marine nationale fait le même constat, l’Armée populaire de libération [APL] affichant une « agressivité de plus en plus en plus importante », en particulier dans les régions où Pékin revendique sa souveraineté… malgré les observations de la Cour permamente d’arbitrage de La Haye.

Aussi, chaque patrouille d’avions ou de navires en mer de Chine méridionale effectuée dans le cadre d’opérations dites FONOP [Freedom Of Navigation OPperation] peut donner lieu à un incident, comme cela est arrivé à un RC-135V/W Rivet Joint de l’US Air Force, le 26 mai.

En effet, trois jours plus tard, le commandement militaire américain pour l’Indo-Pacifique [US INDOPACOM] a expliqué qu’un avion de chasse chinois de type J-16 a coupé la trajectoire d’un RC-135V/W qui « menait des opérations de routine sans risque au-dessus de la mer de Chine méridionale et au sein de l’espace aérien international, conformément au droit international ».

Pour rappel, le RC-135V/W Rivet Joint est un avion conçu par Boeing pour collecter des renseignements d’origine électromagnétique. Au moment de l’incident évoqué par l’INDOPACOM, il patrouillait dans un secteur au sud de Taïwan. Et il était accompagné par un avion ravitailleur KC-135T Stratotanker.

Le Pentagone a diffusé une vidéo de cet incident. Celle-ci montre un J-16 suivre une trajectoire parallèle à celle du RC-135V… puis passer devant ce dernier, générant ainsi des turbulences susceptibles de conduire à une perte de contrôle de l’avion ainsi intercepté. Cette manoeuvre, appelée « Thumping », est considérée comme agressive.

Un responsable du Pentagone, sollicité par l’AFP, a évoqué une « augmentation alarmante » du nombre d’incidents de cette nature. Incidents qui peuvent donner lieu à « une erreur de calcul dangereuse ». Et d’ajouter : « Nous ne considérons pas que [ces interceptions] sont effectuées par des pilotes opérant indépendamment. Nous estimons que cela entre dans le cadre d’un schéma répété plus large ».

Cependant, la Chine a réagi aux accusations américaines… en mettant en cause l’attitude du RC-135V « Rivet Joint ».

« Ces manoeuvres provocatrices et dangereuses sont la source des problèmes de sécurité maritime », a ainsi fait valoir Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Les États-Unis devraient immédiatement cesser ces dangereuses provocations », a-t-elle ajouté.

Et celle-ci d’insister : « L’envoi fréquent et sur une longue période par les États-Unis de navires et d’avions afin d’effectuer une surveillance rapprochée de la Chine porte gravement atteinte à la souveraineté et à la sécurité nationale chinoises. [Aussi], la Chine continuera de prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder fermement sa souveraineté et sa sécurité ».

Quoi qu’il en soit, la dénonciation de cet incident par l’US INDOPACOM est survenue quelques heures après que le Pentagone a indiqué que Pékin venait de refuser une rencontre avec Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense.

La Chine « a informé les États-Unis qu’ils déclinaient notre invitation lancée début mai visant à ce que le secrétaire Austin rencontre le ministre de la Défense nationale Li Shangfu [par ailleurs visé par des sanctions américaines, ndlr] cette semaine à Singapour », a en effet affirmé le général Pat Ryder, un porte-parole du Pentagone. « L’absence préoccupante de volonté de la République populaire de Chine d’engager des discussions significatives d’armée à armée ne diminuera pas notre engagement à chercher à ouvrir des lignes de communication avec l’armée chinoise », a-t-il conclu.

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