Le ministère des Armées va acquérir des munitions rôdeuses américaines Switchblade 300

L’an passé, et alors que l’Agence de l’Innovation de Défense [AID] venait de lancer les appels à projets « Colibri » et « Larinae » en vue développer des munitions rôdeuses [ou téléopérées] pouvant neutraliser respectivement des cibles situées dans un rayon de 5 et de 40 km de distance, Intelligence Online [IOL] révéla que le ministère des Armées envisageait de commander de tels engins auprès de l’industriel américain AeroVironment, lequel avait déjà été retenu par le passé pour livrer des mini-drones de type DRAACO/RQ-20 Puma aux forces spéciales françaises.

Cette information fut ensuite confirmée par le colonel Arnaud Goujon, alors chef des plans à l’état-major de l’armée de Terre [EMAT], lors du salon EuroSatory, en juin 2022. Et, selon une réponse envoyée par le ministère des Armées à Defense News, il s’agissait de « mettre en place une première capacité d’urgence au profit des forces françaises ».

Cet intérêt pour les munitions rôdeuses produites par AeroVironment – les Switchblade 300 et 600 – fut ensuite évoqué par Sébastien Lecornu, lors de sa première audition parlementaire en qualité de ministre des Armées. « On regarde mais aucune décision n’a été prise actuellement. En tout cas, il est vrai que les armées […] se sont documentées sur le sujet », avait-il dit.

Depuis, en mars dernier, l’AID a annoncé qu’elle venait de sélectionner MBDA et Nexter dans le cadre de l’appel à projets « Colibri ». Et de préciser que les premières démonstrations des solutions proposées par ces deux industriels étaient attendus pour la fin de l’année 2023. Quant au programme « Larinae », il n’a fait l’objet d’aucune communication pour le moment.

Pour autant, l’idée d’acquérir « sur étagère » des munitions rôdeuses n’a pas été abandonnée. En effet, le 26 avril, via un communiqué, AeroVironment a fait savoir que l’US Army venait de luis commander un nouveau lot de Switchblade 300 pour un peu plus de 64,5 millions de dollars… Et un certain nombre de ces munitions rôdeuses sera destiné à la France ainsi qu’à un autre « pays allié » qui n’a pas été précisé.

« Ce nouveau contrat de l’armée américaine comprend pour la première fois des Switchblade 300 pour la France et un pays allié », a indiqué AeroVironment.

Cet achat de munitions rôdeuses par le minstère des Armées se fera via la procédure dite FMS [Foreign Military Sales]. A priori, et si l’on se fie aux chiffres avancés par IOL, il serait question de 82 Switchblade 300… probablement destinées aux forces spéciales. Celles-ci en avaient exprimé le besoin en 2021, par la voix du général Éric Vidaud, alors à la tête du Commandement des opérations spéciales [COS].

Pour rappel, d’une masse d’environ 2,5 kg, la « Switchblade 300 » est suffisamment compacte pour loger dans un sac à dos. Lancée par un tube lance-missiles, elle a une endurance de 15 minutes pour un rayon d’action 10 km. Elle est mise en oeuvre par la même station de contrôle utilisée pour les RQ-20 Puma, ce qui permet de les associer en mission.

Par ailleurs, et même si le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 ne donne pas d’objectifs chiffrés, il est question pour les forces françaises – et en particulier pour l’armée de Terre – de disposer de « plusieurs milliers » de munitions téléopérées. C’est en effet ce qu’a déclaré M. Lecornu devant les parlementaires, le 24 janvier dernier, estimant qu’elles constituaient une « capacité clé ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]