Le projet européen d’achat mutualisé d’obus de 155 mm pour l’Ukraine peine à avancer

Présenté comme « inédit », le projet d’achat mutualisé d’obus de 155 mm par les pays membres de l’Union européenne [UE] afin de répondre aux besoins de l’Ukraine n’a finalement pas avancé d’un pouce depuis qu’il a été approuvé, le 20 mars dernier. Et cela n’est pas sans préoccuper Kiev.

« L’incapacité de l’UE à mettre en œuvre sa propre décision sur l’achat conjoint de munitions pour l’Ukraine est frustrante. Il s’agit d’un test pour savoir si l’UE dispose d’une autonomie stratégique pour prendre de nouvelles décisions cruciales en matière de sécurité. Pour l’Ukraine, le coût de l’inaction se mesure en vies humaines », a déploré Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, via Twitter, la semaine passée.

Et il était attendu que celui-ci abordât la question par visio-conférence, à l’occasion d’un Conseil des affaires étrangères de l’UE, prévu ce 24 avril, à Luxembourg.

Au départ, il fut convenu que les munitions seraient achetées auprès d’entreprises implantées dans des pays membres de l’UE, voire en Norvège. Seulement, la France insiste pour que la production des obus soit exlusivement effectuée en Europe. D’où le blocage.

« Paris rend le processus d’approvisionnement en munitions très difficile en essayant d’exclure les entreprises de l’Union européenne qui utilisent des composants de pays tiers », a ainsi précisé un diplomate européen auprès de l’agence de presse polonaise PAP. En clair, un industriel européen qui utiliserait une poudre importée d’Afrique du Sud pourrait être écarté du marché… Ce qui est inacceptable pour plusieurs membres de l’UE, dont la Pologne, l’Allemagne et les Pays-Bas.

En outre, rapporte la Libre Belgique, l’expression « industrie européenne » poserait aussi problème, dans la mesure où des entreprises n’appartenant pas à l’espace européen pourrait « invoquer la concurrence déloyale ».

Pour rappel, l’achat mutualisé de munitions au niveau européen n’est que l’un des trois volets de l’accord trouvé en mars dernier. Celui-ci prévoit en effet un budget de un milliard d’euros pour rembourser les pays européens ayant livré des obus à l’Ukraine ainsi qu’un plan visant à augmenter les capacités de production des industriels européens, l’objectif étant de reconstituer les stocks tout en continuant à approvisionner l’armée ukrainienne.

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