Maintenir le F-22A Raptor au meilleur niveau jusqu’en 2030 coûterait au moins 9 milliards de dollars à l’US Air Force

Développé par Lockheed-Martin et mis en service en 2005, l’avion de supériorité aérienne de 5e génération F-22A Raptor, qui passe pour être le meilleur au monde, a récemment fait parler de lui en abattant un ballon espion chinois, après que celui-ci a survolé les États-Unis et notamment des sites militaires sensibles, en transmettant des données en temps réel à Pékin, selon la presse américaine. Pour autant, les jours de cet avion sont comptés puisqu’il ne fait plus partie des plans à long terme de l’US Air Force [USAF], laquelle entend faire du financement de son successeur, le NGAD [Next Generation Air Dominance] une prioritué.

L’an passé, dans le cadre de sa demande de budget pour l’exercice 2023, l’US Air Force avait ainsi demandé l’autorisation du Congrès de retirer de sa flotte les F-22A les plus anciens. Soit une trentaine d’exemplaires restés au standard block 20 et utilisés essentiellement pour la formation et l’entraînement de ses pilotes. L’objectif était alors de trouver des marges de manoeuvre financières au profit du NGAD, le maintien en condition opérationnelle [MCO] de ces appareils étant de plus en plus onéreuse, avec des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées et des moteurs F119 de Pratt & Whiney n’étant plus en production.

Seulement, les parlementaires américains ont refusé de donner satisfation à l’US Air Force. Plus précisément, ils lui ont demandé un plan détaillé pour la formation des pilotes de F-22 « évitant toute dégradation de la capacité de combat » et d’envisager de porter ces F-22 Block 20 au standard Block 30/35. Ce qui, selon les estimations faites à l’époque, devait coûter au moins de 2 milliards de dollars. Qu’en sera-t-il pour l’exercice fiscal 2024?

En tout cas, l’USAF n’en démord pas. Ainsi, dans sa dernière demande de budget [185,1 milliards de dollars, soit 5,4 milliards de plus par rapport à 2023], elle a de nouveau réclamé le retrait de 32 F-22A block 20. Et selon la « maquette » budgétaire qu’elle a soumise, les économies ainsi générées doivent être en partie « flêchées » vers le programme NGAD.

« Notre budget suppose le succès de cette proposition » de retirer les plus anciens F-22, a fait ainsi fait valoir Andrew Hunter, responsable de l’acquisition de l’US Air Force, lors d’une récente audition à la Chambre des représentants. D’autant plus que le maintien de ces appareils jusqu’en 2030 coûterait au bas mot 7 milliards de dollars, en tenant compte des coûts d’exploitation et de leur modernisation. Tel est, en tout cas, le calcul fait par le général Richard G. Moore Jr., vice chef d’état-major pour les plans et les programmes de l’US Air Force, a rapporté Air & Space Forces Magazine.

Dans le même temps, il s’agit aussi de maintenir les 154 F-22A block 30/32 restants au meilleur niveau jusqu’an 2030. Et, là encore, indépendamment de leurs coûts d’exploitation à cette échéance, la facture s’annonce salée puisqu’il est question « d’au moins » 9 milliards de dollars, dont 3,2 milliards pour la recherche, le développement, les tests et les évaluations. Et c’est sans compter les frais d’exploitation : selon le Government Accountability Office [GAO], un heure de vol avec cet appareil coûte environ 85’000 dollars… Soit l’équivalent de l’impôt sur le revenu acquitté par quatorze foyers américains moyens.

Cette modernisation doit porter sur l’amélioration de la Liaison 16, des systèmes IFF [identification ami/ennemi] et des dispositifs de guerre électronique. En outre, des modifications du moteur F119 sont envisagées, de même que la mise au point de nacelles et de nouveaux réservoirs ne devant pas altérer la furtivité de cet appareil [et donc ses capacités au combat].

Évidemment, si l’US Air Force n’est pas autorisée à retirer du service ses F-22A les plus anciens et qu’en plus il lui est demandé de les moderniser, alors l’équation va être compliquée à résoudre.

« La mise à niveau des [F-22] Block 20 aura un coût prohibitif et prendra beaucoup de temps. Actuellement, avec les armes les plus avancées qu’il peut emporter, un F-22 Block 20 n’est pas compétitif avec le J-20 [avion furtif développé par la Chine, ndlr] », a soutenu le général Moore.

Qui plus est, a-t-il ajouté, les F-22 Block 20 ne sont pas forcément adaptés à la formation des pilotes, en raison de leurs différences avec les appareils de première ligne. Ils « doivent oublier certaines des choses qu’ils ont apprises dans le bloc 20 lorsqu’ils se montent dans un avion opérationnel », a-t-il dit.

Reste que cette demande au sujet de ces 32 F-22 Blok 20 devrait encore susciter des réticences au Congrès. Mais aussi au sein de l’Air & Space Forces Association, qui, l’an passé, s’était félicitée du fait que les parlementaires avaient défendu la « nécessité de protéger l’avion de chasse le plus performant du monde contre un retrait prématuré ».

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