Le don d’avions MiG-29 Fulcrum à l’Ukraine fait des remous politiques en Slovaquie

En cédant ses 13 avions de combat MiG-29 « Fulcrum » à l’Ukraine, qui a déjà engagés les premiers exemplaires livrés contre les forces russes, la Slovaquie a sans doute réalisé une bonne affaire dans la mesure où, en échange, elle pourra acquérir douze hélicoptères d’attaque AH-1Z Viper avec leurs munitions auprès des États-Unis à des conditions très avantageuses. En outre, elle devrait recevoir 200 millions d’euros provanant de la Facilité européenne pour la paix.

Pour rappel, les MiG-29 slovaques avaient été retirés du service en août 2022, sans attendre la livraison des 14 F-16 Viper commandés par Bratislava pour les remplacer. Aussi, la protection de son espace aérien est actuellement assuré par la Pologne et la République tchèque, dans le cadre de l’Otan.

Cependant, le don des MiG-29 à Kiev fait polémique à Bratislava, d’autant plus que la situation politique y est compliquée, le gouvernement actuel ayant fait l’objet d’une motion de censure adoptée par le Parlement en décembre dernier. Aussi est-il chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à la prochaine élection législative, prévue en septembre.

Ainsi, le social-démocrate Robert Fico, chef de file du SMER-SSD, l’un des principaux partis d’opposition, a déposé une plainte pénale contre le gouvernement pour « abus d’autorité » et « sabotage », estimant que l’aide militaire qu’il a octroyée à l’Ukraine est « anticonstitutionnelle » dans la mesure où, depuis qu’il a été censuré, il n’est plus fondé à « prendre des décisions aussi fondamentales en matière de politique étrangère et militaire ».

En outre, pour M. Fico, la Slovaquie n’a pas réalisé une bonne affaire en cédant ses MiG-29 car elle n’a « pas besoin d’hélicoptères d’attaque ». Et d’affirmer les États-Unis « se débarrassent d’une ancienne technologie ».

Au départ, le Premier ministre slovaque, Eduard Heger, en lien avec Jaroslav Nad, son ministre de la Défense, avait l’intention de solliciter le Parlement avant de décider la livraison des MiG-29 à Kiev. Seulement, s’il pouvait espérer obtenir une majorité simple, avec le soutien d’une partie de l’opposition, il lui aurait fallu, pour obtenir un feu vert, aller bien au-delà en réunissant une « majorité constitutionnelle », soit 3/5 des voix.

Aussi, le gouvernement slovaque a-t-il décidé de se passer de l’accord du Parlement, en traitant directement avec son homologue ukrainien. Selon M. Nad, cette approche avait fait l’objet d’une analyse juridique… qui est confidentielle. Sans doute aura-t-il à la produire en raison de la plainte déposée par le SMER-SSD.

En attendant, le 30 mars, la vice-président du Parlement ukrainien, Olena Kondratiuk, a remercié la Slovaquie pour son aide humanitaire et surtout militaire, celle-ci ayant représentant 10% du budget du ministère slovaque de la Défense. « Nous sommes reconnaissants pour les systèmes de défense aérienne [S-300 et KUB, ndlr], les avions MiG-29, les véhicules blindés de transport de troupes et les canons automoteurs [Zuzana 2] », a-t-elle déclaré.

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