L’édition 2023 de la Mission Jeanne d’Arc se concentrera sur « l’archipel de France »

Dans un rapport publié la semaine passée, les sénateurs Cédric Perrin et Rachid Temal ont critiqué la stratégie pour la région Indo-Pacifique mise en oeuvre par la France, en soulignant son « manque de lisibilité » et une « réelle inadéquation des moyens aux ambitions », en particulier en matière de capacités militaires, alors que certaines possessions françaises dans la zone ne sont pas à l’abri des ambitions chinoises…

« Les revendications territoriales chinoises […] ne sont nommées que de façon très prudente dans la stratégie de la France pour l’Indo-Pacifique. Elles ont pourtant fait l’objet d’une ondamnation la Cour permanente d’arbitrage de la Haye en 2016. Pourquoi ne pas le dire? », demandent les sénateurs. Et d’y répondre dans la foulée : parce que la « condamnation des positions chinoises nuirait à la stratégie de troisième voie, voie d’équilibre ou de stabilisation
pour reprendre les termes de la stratégie Indo-Pacifique ». Or, poursuivent-ils, « cette ‘troisième voie’ française n’a pas convaincu l’Australie qui a renoncé au partenariat stratégique conclu avec la France et à la fourniture des sous-marins [Shortfin] Barracuda ».

Quant aux capacités militaires déployées dans la région, elles ont été significativement amoindries, sous les effets des restructurations et des contraintes budgétaires imposées au forces armées. La prochaine Loi de programmation militaire [LPM] devrait corriger le tir. Du moins, c’est ce qu’a laissé entendre le président Macron, quand il en a dessiné les coutours, lors de ses voeux aux Armées, le 20 janvier.

« Je souhaite également que nos forces armées soient davantage et mieux présentes dans nos Outre-mer et que ces derniers figurent une constellation stratégique à la fois tête de pont relais et point de veille de nos intérêts dans le monde », a-t-il en effet déclaré, avant d’annoncer une nouvelle « stratégie ultra-marine ».

En attendant, et alors que son édition 2022 avait fait l’impasse sur l’océan Pacifique, la mission Jeanne d’Arc 2023 se concentrera sur « l’archipel de France », c’est à dire sur les territoires et collectivés d’outre-Mer.

« Outre une mission de formation, la mission Jeanne d’Arc 2023 contribue à garantir le respect de la souveraineté de la France sur ses territoires marins. Le groupe Jeanne d’Arc sera ainsi déployé dans la plupart des zones maritimes françaises, où il sera ponctuellement amené à patrouiller avec les nouveaux moyens de souveraineté des forces armées tels que les Bâtiments de soutien et d’assistance Outre-mer [BSAOM] ou encore le récent Patrouilleur outre-mer [POM] Auguste Bénébig », explique la Marine nationale.

Cette année, le Groupe école d’application des officiers de marine [GEAOM] embarquera à bord du porte-hélicoptères amphibie [PHA] Dixmude, lequel sera accompagné par la frégate légère La Fayette, récemment modernisée avec l’intégration d’un sonar de coque actif/passif à basse fréquence Kingclip Mk2 [une capacité dont elle était initialement dépourvue] et de systèmes optroniques améliorés.

Le PHA Dixmude appareillera de Toulon le 8 février prochain, avec, à son bord, un Groupement tactique embarqué [GTE] fourni par la 6e Brigade légère blindée [120 hommes et 40 véhicules] et un détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], doté de deux hélicoptères Gazelle. Cette contribution modeste de l’armée de Terre s’explique par la tenue de l’exercice interarmées de préparation au combat de haute intensité Orion.

La mission Jeanne d’Arc 2023 fera également la part belle aux partenariats « stratégiques », avec des escales prévues à Djibouti [avec un participation à l’opération européenne Atalanta], en Inde, en Indonésie, à Singapour et en Australie. L’accent étant mis sur « l’archipel de France », le PHA Dixmude et la frégate La Fayette se rendront en Nouvelle-Calédonie [pour l’exercice Croix du Sud 2023], en Polynésie française, à Clipperton et aux Antilles, où ils prendront part à des opérations de type NARCOPS [lutte contre les trafics de drogue, ndlr]. Le retour à Toulon est prévu à la mi-juillet.

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