La Pologne fait un pas de plus vers le don de chars Leopard 2 à l’Ukraine

Exit le général Sergueï Sourovikine! Trois mois après avoir été nommé à la tête des opérations en Ukraine et décidé l’évacuation de la ville de Kherson, il vient en effet d’être remplacé par le général Valery Guerasimov, qui n’est d’autre que le chef d’état-major des forces armées russes. Et cela à un moment où, alors que les combats font rage à Bakhmout et à Soledar [région de Donetsk, annexée par la Russie, ndlr], le groupe paramilitaire Wagner tient un rôle de plus en plus important.

Annoncé le 11 janvier par Moscou et justifié par « l’élargissement des missions » et la « nécessité » d’une « interaction plus étroite » entre les différentes composantes des forces russes », ce changement augure-t-il le lancement d’une nouvelle offensive d’ampleur en Ukraine? En tout cas, cela peut-être vu comme un signal allant dans ce sens… Et plaide, du point de vue de Kiev, en faveur d’une aide militaire occidentale accrue.

Le même jour, Mykhailo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, a demandé la livraison de missiles d’une portée supérieur à 100 km [ce que les États-Unis ont jusqu’à présent refusé, en bridant les systèmes M142 HIMARS livrés à Kiev]. Ils « nous permettront d’accélérer de manière significative la libération des territoires [occupés], a-t-il dit.

Les capacités de défense aérienne figurent en haut de la liste des besoins exprimés par les forces ukraniennes… Comme les chars de combat de conception occidentale. Et cette demande est sur la table pratiquement le début de la guerre. Le 10 janvier, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, l’a encore faite à l’occasion de la visite de son homologue allemande, Annalena Baerbock, à Kharkiv. « Plus une telle décision tarde, plus il y aura de victimes, plus il y aura de morts parmi les civils », a-t-il dit.

Cela étant, si Mme Baerbock a déjà exprimé son soutien à la livraison, par Berlin, de Leopard 2 à l’armée ukrainienne, le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’y oppose. Du moins pour le moment. Au plus a-t-il fini par consentir à céder quarante véhicules de combat d’infanterie [VCI] Marder à Kiev, sans que l’on sache vraiment où ils seront prélevés… Dans le même temps, la France a annoncé l’envoi de chars AMX-10 RC [le nombre reste à préciser] et les États-Unis ont promis cinquante VCI Bradley… Et des Stryker pourraient suivre.

Après avoir cédé ses chars T-72 hérités de son passé soviétique, la Pologne a récemment fait savoir qu’elle étudiait la possibilité d’envoyer une partie de ses 240 Leopard 2 en Ukraine… mais à condition de ne pas être la seule à le faire… et que les livraisons des 366 M1 Abrams américains, des 180 K2 et des 820 K2PL qu’elle a commandés en 2022 ne souffrent d’aucun retard.

Visiblement, cette réflexion et les démarches entreprises par Varsovie ont avancé… En effet, le 11 janvier, lors d’une visite à Lviv [Ukraine] le président polonais, Andrzej Duda, a déclaré que son pays est disposé à livrer un escadron de chars Leopard à l’armée ukrainienne.

« Un escadron de chars Leopard [soit 14 exemplaires] sera transféré dans le cadre d’une coalition qui est en train de se bâtir », a en effet affirmé M. Duda, lors d’une conférence de presse donnée aux côtés de ses homologues ukrainiens [Volodymyr Zelenski, ndlr] et lituanien [Gitanas Nauseda, ndlr]. « Comme vous le savez, faut remplir toute une série d’exigences formelles, [obtenir] des accords, etc [Aussi], nous voulons avant tout que ce soit une coalition internationale », a-t-il ajouté.

Seulement, pour qu’un tel transfert de Leopard 2 puisse se faire, l’autorisation de l’Allemagne, le pays qui les a produits, est nécessaire. Que dira Berlin?

Quoi qu’il en soit, M. Zelensky s’est félicité de l’annonce faite par le président polonais. Mais « un seul État ne peut pas nous aider », a-t-il dit. Aussi s’attend-il à une « décision commune » impliquant d’autres pays susceptibles de céder des Leopard 2 à ses troupes. « Je pense qu’aujourd’hui, il y aura une [décision] positive d’un autre État pour nous fournir des chars modernes de style occidental », a-t-il ajouté, sans plus de détails.