La Grèce pourrait céder à l’armée ukrainienne les 40 blindés Marder que lui a promis l’Allemagne

Le 5 janvier, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a promis la livraison de quarante véhicules de combat d’infanterie [VCI] Marder à Kiev… Était-ce pour ne pas être en reste par rapport à la France et aux États-Unis, qui venaient d’annoncer leur intention de donner respectivement des chars légers AMX-10RC et des blindés M2 Bradley à l’armée ukrainienne? Toujours est-il que cette annonce a visiblement pris tout le monde court à Berlin…

« La pression à agir après l’annonce du président Macron » sur le don de chars légers AMX-10RC à Kiev a été « si forte que le chancelier [Scholz] a promis de livrer des Marder avant que les questions pratiques n’aient été clarifiées », a ainsi avancé le Tagesschau, le journal télévisé de la première chaîne allemande.

Cela étant, cette annonce était espérée dans la mesure où, en avril 2022, le groupe Rheinmetall avait demandé l’autorisation d’exporter les cent Marder qu’il avait en sa possession vers l’Ukraine.

Seulement, considérant que l’armée ukrainienne préférerait utiliser des blindés dont elle a l’habitude, Berlin a préféré garder ces VCI pour son initiative « Ringtausch » [échange d’anneaux], laquelle vise à remplacer les équipements de conception soviétique encore en dotation dans certaines forces armées de pays membres de l’Otan par du matériel de facture allemande. C’est ainsi que la Grèce a accepté de livrer ses blindés BMP-1 à l’Ukraine, en échange de quarante Marder.

Pour autant, les Marder promis à Kiev par M. Scholz ne seront pas prélevés parmi les soixante que possède encore Rheinmetall étant donné que leur remise en état prendrait trop de temps. Or, du temps, Kiev n’en a pas, la Russie ayant probablement l’intention de lancer une nouvelle grande offensive d’ici la fin de cet hiver. Aussi, l’objectif est-il de livrer les VCI dans le courant de ce trimestre, sachant qu’il faut environ huit semaines pour former les équipages qui auront à les mettre en oeuvre.

En l’état actuel des choses, il reviendrait donc à la Bundeswehr [forces armées fédérales allemandes, ndlr] de se séparer d’une partie de ses Marder, qu’elle doit par ailleurs remplacer par des « Puma ». Sauf que ceux-ci ne lui donnent pas pleinement satisfaction… au point qu’il n’ont pas pu être engagés dans la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation [Very High Readiness Joint Task Force] de l’Otan, dont l’Allemagne vient de prendre le commandement.

Aussi, compte tenu de ses autres engagements [notamment en Lituanie] et de la disponibilité de ses Marder, la Bundeswehr craint que cette livraison de VCI à Kiev soit de nature à réduire ses capacités de combat et à l’empêcher de remplir ses obligations à l’égard de l’Otan.

Dans ces conditions, la solution serait de retarder la livraison des quarante Marder attendus par la Grèce [qui a déjà envoyé une partie de ses BMP-1 en Ukraine]. C’est, en tout cas, celle qui a été avancée par la presse d’outre-Rhin. « La capacité de défense de la Grèce ne sera pas affectée si la livraison des Marder est retardée », a ainsi confié un officier grec de haut rang, sollicité par le journal Bild.

En tout cas, les Marder ont été au centre d’un échange téléphonique entre Nikos Panagiotopoulos, le ministre grec de la Défense, avec Christine Lambrecht, son homologue allemande, le 9 janvier. De source officielle, les deux responsables ont en effet discuté « de questions liées à la mise en œuvre de l’accord sur le transfert des véhicules de combat d’infanterie BMP-1 à l’Ukraine et leur remplacement par Marder de fabrication allemande ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]