Les forces russes et l’Otan ont lancé des manoeuvres navales dans la région de la Baltique
Le 5 juin, et comme tous les ans depuis 1972, l’Otan a donné le coup d’envoi de l’exercice Baltic Operations [BALTOPS] qui, en raison des tensions provoquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, prendra une dimension particulière. Organisées en Suède, qui, comme la Finlande, a décidé de rejoindre l’Alliance atlantique, ces manoeuvres navales vont mobiliser 45 navires, 75 aéronefs et 7500 militaires durant près de deux semaines.
« Les scénarios d’exercice incluent les éléments suivants : opérations amphibies, tirs au canon, lutte anti-sous-marine, défense aérienne, opérations de déminage, traitement de dispositifs explosifs, véhicules sous-marins sans pilote et interventions médicales », a précisé l’Otan. Et d’ajouter que BALTOPS 22 vise à « renforcer les capacités de réaction conjointes qui sont essentielles pour préserver la liberté de navigation en mer Baltique ».
En effet, cette région est stratégique pour au moins deux raisons. D’abord, elle est traversée par plusieurs routes commerciales qui représentent environ 10% du trafic maritime mondial. Ensuite, et jusqu’à encore récemment, elle était essentiel pour l’approvisionnement de l’Europe en gaz russe, via les gazoducs Nord Stream et Nord Stream 2, dont la mise en service a été suspendue après l’invasion de l’Ukraine.
Aussi, la Baltique représente un enjeu de premier plan pour la Russie puisqu’elle constitue un accès toujours libre vers la mer du Nord, laquelle ouvre la voie vers l’Atlantique. D’où sa forte présence militaire, via notamment l’enclave de Kaliningrad, où elle y a déployé des capacités d’interdiction et de déni d’accès [A2/AD] et des moyens offensifs [dont des missiles Iskander et des engins hypersoniques Kinjal, ceux-ci étant mis en oeuvre par des MiG-31K depuis la base de Chkalovsk].
Dans le même temps, les autres pays riverains s’estiment menacés par Moscou. Décrite comme étant le « porte-avions de la Baltique », l’île suédoise de Götland a ainsi de nouveau été militarisée… tandis que l’Otan y a établi une présence militaire importante, avec la mission Baltic Air Policing, qui vise à protéger l’espace aérien des pays baltes, et, surtout, ses bataillons multinationaux, lesquels ont été renforcés depuis la guerre en Ukraine.
Évidemment, cette présence accrue dans la région n’est pas vue d’un bon oeil à Moscou. Et la perspective de l’adhésion de la Finlande à l’Alliance dépasse les enjeux de la Baltique étant donné que l’Otan s’approcherait de son port militaire de Mourmansk, qui, en plus d’être essentiel pour sa stratégie dans le Grand Nord, lui donne un accès direct à l’Altlantique.
D’où la réponse de la Russie à l’édition 2022 de l’exercice BALTOPS. Ce 9 juin, le ministère russe de la Défense a annoncé le début de manoeuvres navales réunissant environ 60 navires et 40 aéronefs. Elles doivent durer jusqu’au 19 juin.
« Dans le cadre de ces manoeuvres, des groupes navals tactiques de la Flotte de la Baltique ont quitté leurs bases et se sont déployés dans des zones spécifiques pour effectuer des tâches d’entraînement afin de protéger et de défendre les voies maritimes et les bases [russes] », a-t-il fait savoir, via un communiqué. Et de préciser que des exercices sont également prévus à Kaliningrad.
Au total, la mer Baltique [dont la superficie est de 365’000 km²] sera donc sillonnée par environ une centaine de navires et autant d’aéronefs militaires durant les prochains jours. Ce qui peut donner lieu à quelques frictions entre l’Otan et la Russie.