Le F/A-18 Super Hornet officiellement écarté de l’appel d’offres lancé par le Canada pour moderniser ses forces aériennes

La semaine passée, la presse canadienne a révélé que le F/A-18 Super Hornet Block III allait être écarté de l’appel d’offres lancé par Ottawa pour remplacer les CF-188 Hornet de l’Aviation royale canadienne [ARC]… Et cela, alors que cet avion, conçu par Boeing, était donné comme l’un des deux favoris de cette compétition, avec le F-35A Lightning II de Lockheed-Martin.

Il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour avoir la confirmation de l’élimination du F/A-18 Super Hornet. Le 1er décembre, Services publics et Approvisionnement Canada a en effet indiqué que, « au terme de l’évaluation des propositions reçues dans le cadre du processus concurrentiel », deux soumissionnaires restaient encore en lice, dont le F-35A et le JAS-39 Gripen E/F du constructeur suédois Saab.

Étant donné que le ministère canadien de la Défense avait eu, par le passé, l’intention de se procurer 18 F/A-18 Super afin d’éviter un risque de rupture capacitaire, avant finalement d’y renoncer pour des raisons politiques, on pouvait penser que Boeing avait une belle carte à jouer.

Mais, visiblement, et c’est ce que laisse entendre le gouvernement canadien, qui n’a pas explicitement donné les raisons de l’élimination du F/A-18 Super Hornet, l’offre de Boeing n’a pas été jugé satisfaisante en matière de retombées économiques et industrielles.

« Les propositions ont fait l’objet d’une évaluation rigoureuse, notamment en ce qui a trait à la capacité, aux coûts et aux retombées économiques. L’évaluation a tenu compte également des impacts économiques », explique Services publics et Approvisionnement Canada.

Et d’ajouter : « Au cours des semaines à venir, le Canada mettra la dernière main aux prochaines étapes du processus. En fonction d’une analyse plus poussée des deux propositions restantes, il pourrait s’agir de négocier les modalités définitives avec le soumissionnaire le mieux classé, ou encore d’entreprendre un dialogue concurrentiel pour permettre aux deux derniers soumissionnaires de bonifier leur offre ».

Lors du lancement de cette procédure, il avait été expliqué que les propositions reçues seraient évaluées « rigoureusement en fonction des exigences de mérite technique [60%], des coûts [20%] et des retombées économiques [20 %] ». Sur ce dernier point, les concurrents étaient « tenus de présenter un plan sur des retombées économiques correspondant à la valeur du contrat proposé ».

Pour rappel, un temps intéressé au point d’être prêt à faire beaucoup de concessions, Dassault Aviation avait finalement décidé de ne présenter la candidature du Rafale à l’appel d’offres canadien. En cause : le fait que la France ne fasse pas partie du cercle dit des « 5 Eyes », qui réunit le Canada, les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.

Puis le consortium Eurofighter en fit de même, mais en expliquant que les « exigences de sécurité du NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord » imposaient un « coût trop important aux plateformes dont les chaînes de production et d’entretien sont situées à l’extérieur » du Canada et des États-Unis et que les « importantes révisions récemment apportées aux exigences de retombées industrielles et technologiques [RIT] ne valorisaient pas suffisamment les engagements fermes compris dans l’offre de Typhoon Canada, alors qu’il s’agissait d’un point majeur ».

Aussi, à la lumière de ces éléments, le F/A-18 Super Hornet et le F-35A Lockheed ne pouvaient qu’être les favoris de l’appel d’offres canadiens. L’élimination du chasseur-bombardier de Boeing est donc une suprise… De même que la place de finaliste du Gripen E/F, même si celui-ci a quelques arguments à faire valoir [missile air-air METEOR, radar AESA, suite IRST, liaison de données, capacités de guerre électronique décrites comme étant très performantes, maintenance simplifiée, etc].

Cela étant, et compte tenu de l’implication de l’industrie canadienne dans le programme Joint Strike Fighter [JSF], le F-35A avait été commandé à 65 exemplaires par le gouvernement canadien, alors emmené par le conservateur Stephen Harper. Ce qui donna lieu à de vives polémiques à Ottawa, au point qu’un audit fut mené par le Vérificateur général du Canada. Audit qui souligné une sous-estimation des coûts relatifs à une telle acquisition.

Devenu Premier ministre en 2015, Justin Trudeau prit le contre-pied de son prédécesseur et annula l’achat des 65 F-35A, avant de promettre un appel d’offres « ouvert et transparent ». Reste maintenant à voir si Lockheed-Martin s’imposera ou si Saab saura créer à nouveau la surprise.

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