Le F/A-18 Super Hornet serait éliminé de l’appel d’offres lancé pour moderniser l’aviation de combat canadienne
En septembre, l’administration américaine a autorisé la vente de 36 radars AN/APG-79(V)4 [à antenne active] au Canada afin que celui-ci puisse moderniser une partie de ses chasseurs-bombardiers F/A-18 Hornet [ou CF-188 dans la nomenclature canadienne, ndlr].
Étant donné que ce système, produit par Raytheon, équipe le F/A-18 Super Hornet de Boeing, on pouvait penser que ce dernier avait pris une longueur d’avance sur le F-35A de Lockheed-Martin et le JAS-39 Gripen E/F du suédois Saab dans l’appel d’offres lancé par Ottawa pour, justement, remplacer les CF-188 de l’Aviation royale canadienne [ARC].
Et ce sentiment était d’autant plus renforcé que le ministère canadien de la Défense avait songé, par le passé, à se procurer 18 F/A-18 Super Hornet pour 5 milliards de dollars, en guise de « solution intérimaire », afin de remédier aux déficits capacitaires que l’ancienneté des CF-188 n’allait pas manquer de poser dans les années à venir, faute d’avoir acquis de nouveaux avions à temps.
Finalement, le Canada renonça à commander ces 18 F/A-18 Super Hornet, notamment en raison d’un différend avec Boeing, le constructeur américain ayant déposé une plainte en justice contre son concurrent canadien Bombardier, l’accusant d’avoir bénéficié de subventions lui ayant permis de remporter un important marché auprès de Delta Airlines avec sa gamme CS Series. Aussi, Ottawa fit l’acquisition de 18 F/A-18 Hornet ayant servi au sein de la Royal Australian Air Force [RAAF].
Quoi qu’il en soit, l’appel d’offres lancé par le ministère canadien de la Défense s’adressait, au départ, à cinq constructeurs, dont Boeing pour le F/A-18 Super Hornet, Lockheed-Martin pour le F-35A [dont le choix annoncé en 2010 suscita une vive polémique au point qu’il fut annulé], le consortium Eurofighter pour le Typhoon, Dassault Aviation pour le Rafale et Saab, pour le Gripen E/F.
Étant donné la participation du Canada au NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord] et son tropisme américain, Dassault Aviation se retira de la course, afin de ne pas servir de « lièvre » à Boeing et Lockheed-Martin. Puis il fut suivi par le consortium Eurofighter, pour peu ou prou les mêmes raisons. Quant à la candidature du Gripen, nombre d’observateurs estimèrent qu’elle n’avait que très peu de chance d’aboutir, d’autant plus que la Suède n’est pas membre de l’Otan. Aussi, la compétition devait se réduire en un face-à-face entre le F/A-18 Super Hornet et le F-35A Lightning II.
Seulement, ce scénario pourrait bien tomber à l’eau, si l’on en croit les informations du quotidien Toronto Star. En effet, se basant sur ds confidences obtenus auprès de trois responsables proches du dossier, celui-ci a révélé que Boeing a été exclu de la compétition car son offre ne répondait pas aux exigences du gouvernement canadien.
Les soumissionnaires devait « montrer que leur avion de chasse était capable de répondre aux exigences militaires pour les missions au pays et à l’étranger, mais aussi que l’obtention du contrat entraînerait des avantages économiques substantiels pour le Canada », rappelle le Toronto Star.
Que les performances du F/A-18 Super Hornet soient insuffisantes pour répondre aux besoins de l’Aviation royale canadienne serait très surprenant… D’autant plus qu’il a régulièrement été avancé que la préférence de ces dernières irait vers un appareil bimoteur, en raison des immensités qu’il aurait à survoler.
Pour rappel, le ministère canadien de la Défense et Services publics et Approvisionnement Canada avaient précisé que l’évaluation des avions en lice devait reposer sur leurs capacités [60%], leurs coûts [20%] et les retombées économiques [20%].
S’agissant du dernier point, et fort de son expérience au Brésil, Saab s’est rapidement mis en ordre de marche en nouant des partenariats avec plusieurs entreprises canadiennes, dont IMP Aerospace & Defense, Peraton Canada, GE Aviation et CAE. Cela étant, Lockheed-Martin garde une tête d’avance, le Canada ayant participé financièrement au développement du F-35 depuis le début. En, en juillet, Ottawa a encore versé 71 millions de dollars pour rester partenaire du projet.
Si l’information du Toronto Star se confirme, le F-35A aura donc un boulevard devant lui pour remporter l’appel d’offres du ministère canadien de la Défense. Et l’Aviation royale canadienne aura perdu plus de dix ans depuis la décision du gouvernement conduit par le conservateur Stephen Harper d’en commander 65 exemplaires. Celle-ci avait d’ailleurs été vivement critiquée par Justin Trudeau, qui allait lui succéder en 2015.
« Les conservateurs […] se sont accrochés à un avion qui ne fonctionne pas et qui est loin de pouvoir fonctionner. […] C’est un problème dont nous avons hérité et que nous allons régler », avait déclaré M. Trudeau, en juin 2016.