Pour la première fois, les forces françaises déploient le système de défense aérienne « Mamba » en Jordanie

Depuis novembre 2014, dans le cadre de l’opération Chammal [nom de la participation française à la coalition anti-jihadiste « Inherent Resolve » dirigée par les États-Unis, ndlr], l’armée de l’Air & de l’Espace déploie des unités sur la base aérienne projetée [BAP] H5, située en Jordanie.

Actuellement, environ 300 aviateurs y sont affectés, pour mettre en oeuvre quatre avions Rafale, ces derniers étant régulièrement sollicités pour des missions de renseignement et d’appui au profit de la coalition.

La BAP H5 présente plusieurs intérêts : outre le renforcement des liens entre la Jordanie et la France, elle permet de réduire le temps de vol des Rafale [ainsi que d’autres avions qui y ont ponctuellement déployés, comme les C-160 Gabriel, les A330 MRTT ou encore les E3F AWACS] pour se rendre au-dessus de la Syrie et de l’Irak.

Le coût de fonctionnement de cette base reste peu élevé, au regard des avantages qu’elle procure. Elle constitue en effet un point d’appui logistique important tout en donnant de la profondeur stratégique vis-à-vis du golfe persique. Enfin, sa localisation à proximité de plusieurs foyers de crises dans la région, en fait un « élément d’appréciation autonome de sitatuations », comme l’ont récemment soutenu les députés Gwendal Rouillard et Philippe Meyer, dans un rapport sur la « stabilité au Moyen-Orient et l’après Chammal ».

Autre indice de l’importance de cette base projetée en Jordanie : le déploiement par l’armée de l’Air & de l’Espace, en août, d’un Système Air Sol Moyenne Portée – Terrestre [SAMP/T] « Mamba ». Système qui, s’il est régulièrement utilisé en Métropole pour la protection des bases aériennes et lors des dispositifs particuliers de sûreté aérienne [DPSA], n’avait jamais été envoyé en opération extérieure [OPEX].

Pour rappel, mis en oeuvre par les Escadrons de défense sol-air [EDSA] de l’AAE, le Mamba est avant tout un système antimissile de théâtre pouvant engager tout type de menace aérienne sur 360° grâce au missile intercepteur Aster 30, lequel peut détruire une cible à plus de 100 km de distance. Il se compose de cinq modules interconnectés, dont le CMD3D [Centre de management de la défense dans la 3e dimension], une conduite de tir et un radar Arabel. Huit exemplaires sont actuellement en service.

Selon l’État-major des armées [EMA], le déploiement d’un système Mamba sur la BAP H5 répond à plusieurs objectifs. En premier lieu, il vise à « consolider le partenariat avec la Jordanie ». Mais il s’agit surtout de « s’entraîner » avec les forces aériennes partenaires lors « d’exercices conjoints de défense anti-aérienne d’une emprise »… et de l’éprouver dans des conditions climatiques « extrêmes ».

« Des exercices quotidiens sont réalisés tout au long du déploiement, que ce soit avec les Rafale de la BAP au Levant, des aéronefs du pays partenaire ou des forces de la coalition de l’opération Inherent Resolve en retour de mission. Le but est d’éprouver les capacités d’interception et d’engagement du MAMBA, dans des scénarios complexes et de tester son interopérabilité avec les moyens alliés », explique l’EMA.

Le commandant du détachement de défense sol-air qui met en oeuvre ce système en Jordanie a énuméré quatre enjeux pour ce déploiement : « s’exercer avec notre partenaire, éprouver la capacité du système d’armes à protéger une emprise où sont disposés des éléments français contre des attaques aériennes, tester la capacité de projection du MAMBA et confirmer son interopérabilité ».

Avec le déploiement de ce système Mamba, la « France entretient sa relation bilatérale avec la Jordanie » et « entend également illustrer sa volonté et sa capacité à protéger ses intérêts et ceux de ses partenaires au Proche et au Moyen-Orient », a résumé l’EMA, pour qui il s’agit aussi de démontrer que les forces françaises sont en mesure de  » déployer des systèmes d’armes modernes, intégrés et interopérables dans des délais contraints ».

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