Satisfaite des performances de l’A400M, la Royal Air Force confirme le retrait de ses avions C-130J Hercules

Les opérations d’évacuation des ressortissants étrangers et des civils afghans susceptibles d’être menacés par les talibans ont particulièrement mis en avant trois types d’avions de transport militaires, dont le C-17A Globemaster III, le C-130H/J Hercules et l’A400M Atlas.

Ces appareils, dotés de capacités tactiques leur permettant de contrer d’éventuelles menaces venant du sol, ont enchaîné les rotations entre Kaboul et des bases aériennes situées au Moyen-Orient ou en Asie centrale. Puis, des avions de type A310 ou A330 ont pris le relai pour transporter les personnes exfiltrées vers leur pays d’origine [ou d’accueil].

Dans le cadre de l’opération Apagan, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a ainsi envoyé des A400M et des C-130 Hercules à Kaboul. Ces avions ont assuré 26 rotations entre la capitale afghane et la base aérienne 104 d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.

Commandant de bord de l’A400M qui assuré le premier vol vers Kaboul, le lieutenant-colonel « Nicolas » a indiqué, lors d’un point de presse du ministère des Armées, le 31 août, que deux menaces avaient dû être prises en compte. Celle de l’environnement géographique, d’abord, l’altitude à laquelle se trouve l’aéroport de Kaboul [1’800 mètres] jouant sur les performances des avions, tant au décollage qu’à l’atterrissage [et cela d’autant plus que certains appareils ont embarqué plus de passagers qu’en temps normal]. Puis celle d’une attaque terroriste.

Sur ce point, un A400M de l’AAE a été filmé en train de larguer ses leurres anti-missile infrarouges alors qu’il décollait de Kaboul. Ce qui est arrivé qu’une seule fois durant l’opération Apagan.

« Concernant le déclenchement des leurres, au regard de l’évaluation de la menace, la procédure veut que l’on mette le système en fonctionnement dit automatique, ce qui peut impliquer des déclenchements intempestifs. L’analyse de la raison de ce tir est encore en cours au sein d’unités spécialisées », a expliqué le lieutenant-colonel Nicolas.

Selon ce dernier, les A400M ont assuré les trois quarts des rotations entre Kaboul et al-Dhafra [le reste ayant été effectué par des C-130 Hercules, ndlr]. Ce qui est à signaler, au regard de la diponibilité de ces appareils, laquelle s’élevait à 35% en octobre 2020, selon Florence Parly, la ministre des Armées.

« Durant la totalité de l’opération, trois Atlas ont été engagés. En général, on n’en avait qu’un seul qui effectuait les rotations. On en retrouvait parfois deux sur le parking de la base d’al-Dhafra, le temps des relèves. La principale raison des rotations des avions était technique puisque [ceux-ci] doivent subir des opérations de maintenance assez régulièrement. Donc, en fait, on essayait, depuis la base d’Orléans, de trouver des avions qui avaient un maximum de potentiel technique. On épuisait ce potentiel sur place et on les relevait », a raconté le lieutenant-colonel Nicolas.

Quoi qu’il en soit, ses capacités d’emport et les performances de expliquent la raison pour laquelle l’A400M a été préféré au C-130 Hercules pour faire les liaisons entre al-Dhafra et Kaboul. D’ailleurs, la Royal Air Force [RAF], qui en compte actuellement 20 exemplaires [sur 22 commandés, ndlr], a fait le même calcul, alors que, contrairement à son homologue française, elle dispose de C-17A Globemaster III.

Dans un entretien donné à Defense News, le chef d’état-major de la RAF, l’Air Chief Marshal Mike Wigston, est revenu sur les évacuations réalisées par les forces britanniques, dans le cadre de l’opération Pitting, dont le schéma a été quasiment identique à celle menée par l’AAE, à la différence que les personnes exfiltées furent regroupées sur la base aérienne d’Al Minhad et à l’aéroport international d’Al Maktoum à Dubaï.

Ainsi, le chef de la RAF n’a fait que des louanges de l’Atlas. « Il s’agit de la première opération à grande échelle que nous effectuons avec nos A400. Et cela a permis de démontrer que c’est un avion avec un potentiel réel et une capacité énorme », a-t-il dit. « Il vole beaucoup plus haut et beaucoup plus vite. Et il transporte une charge utile plus importante que le C-130J », a-t-il insisté.

Ce qui conforte la décision de retirer du service, d’ici 2023, les 14 C-130J Hercules Mk4 [la version allongée, ndlr] qui figurent encore dans l’inventaire de la RAF. Décision qui avait été annoncée en mars dernier, à la faveur de la publication de la dernière revue de défense et de sécurité britannique.

« Vingt-deux A400M aux côtés des huit C-17 constitueront une flotte d’avions de transport plus performante et flexible », avait justifié Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense.

« Ce sera le cœur lourd que nous retirerons le C-130 dans deux ans parce que c’est un bourreau de travail. Mais j’ai une confiance absolue dans l’A400 et dans ce que cet avion est capable de faire à l’avenir », a fait valoir l’Air Chief Marshal Mike Wigston.

Photo: A400M / RAF

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]