Le groupe britannique Babcock va participer au développement d’un porte-avions léger sud-coréen
Depuis le premier essai nucléaire nord-coréen, en octobre 2006, la Corée du Sud a plus que doublé le montant de ses dépenses militaires, celui-ci ayant dépassé les 50’000 milliards de wons [36,38 milliards d’euros] en 2020 alors qu’il s’élevait à 20’800 milliards de wons [15,13 milliards d’euros] en 2005.
Et cette tendance pourrait encore se poursuivre en 2022 avec une hausse de +4,5%, le ministère sud-coréen de la Défense ayant en effet demandé un budget de 55’230 milliards de wons [40,18 milliards d’euros] pour le prochain exercice fiscal. Soit un niveau similaire aux depenses militaires françaises, qui devraient être portées à 40,9 milliards d’euros l’an prochain.
Dans le détail, le ministère sud-coréen de la Défense prévoit d’affecter 27,57 milliards d’euros à la « gestion des forces » et 12,62 milliards d’euros au renforcement des capacités militaires du pays. Un effort devrait être fait en faveur de la recherche et du développement [R&D] « afin de renforcer la compétitivité mondiale de l’industrie de défense », a expliqué un responsable à l’agence Yonhap.
Parmi les priorités des forces sud-coréennes, les satellites de surveillance, les systèmes d’alerte avancée et de défense antimissile, le développement de missiles balistiques plus puissants [comme le Hyunmoo-4], la modernisation de frégates, la construction d’un nouvau sous-marin de type KSS III ou encore le programme d’avion de combat KF-21 « Boramae » figurent en bonne place. De même que le projet de porte-avions léger CVX [autrefois appelé « LPX-II », ndlr], destiné à permettre à la marine sud-coréenne de « protéger les voies maritimes et les intérêts coréens outre-Mer ».
Devant entrer en service en 2033, ce futur porte-avions affichera un déplacement de 30’000 tonnes [40.000 tonnes à pleine charge] et mettra en oeuvre des avions de combat de type STOVL, soit des F-35B de Lockheed-Martin.
Pour le moment, deux industriels, à savoir Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering [DSME] et Hyundai Heavy Industries [HHI] sont en lice pour construire ce navire. Cependant, le second a pris une longueur d’avance étant donné qu’il a obtenu un contrat pour la conception du CVX l’an passé.
En juin, les deux constructeurs navals ont chacun dévoilé un concept de porte-avions léger lors du salon MADEX, organisé à Busan. À cette occasion, DSME a annoncé avoir noué un partenariat avec Fincantieri afin de bénéficier de l’expérience acquise par l’industriel italien lors de la construction du porte-aéronefs « Trieste », lequel accueillera à son bord des F-35B de la Marina Militare.
Ayant déjà dévoilé, à Busan, un projet de CVX ayant un air de famille avec le porte-avions HMS Queen Elizabeth, avec son tremplin et ses deux îlots, HHI vient d’annoncer la signature d’un protocole d’accord visant à renforcer sa coopération avec le groupe britannique Babcock.
Pour rappel, et ayant conseillé HHI pour les études conceptuelles du CVX. ce dernier fait partie du consortium « Aircraft Carrier Alliance », qui avait été créé, avec BAE Systems, Thales UK et le chantier naval de Rosyth, pour la construction des porte-avions HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales destinés à la Royal Navy.
« L’accord rapproche les deux parties, reconnaissant qu’en travaillant en collaboration, leur expertise et leurs capacités respectives peuvent soutenir davantage la conception et la construction du nouveau porte-avions CVX que la République de Corée a l’intention de mettre en service », explique un communiqué publié conjointement par les deux groupes.
« En tant que partenaire principal au sein de l’Aircraft Carrier Alliance qui a conçu, construit et livré les porte-avions de classe Queen Elizabeth pour le Royaume-Uni, nous sommes ravis de pouvoir signer ce protocole d’accord avec HHI. Babcock, [qui] a l’expérience des programmes complexes à grande échelle, […] s’engage à soutenir l’industrie coréenne dans la mise en œuvre du programme de porte-avions CVX. Nous sommes impatients de continuer à travailler en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes et partenaires impliqués dans cet effort », a commenté John Howie, un haut responsable du groupe britannique.
De son côté, Sam-Hyun Ka, le Pdg de Korean Shipbuilding and Offshore Engineering [KSOE], dont HHI est la filiale, a fait valoir que cet accord avec Babcock allait permettre d’établir une « base stable pour développer des technologies de pointe destinées au premier porte-avions léger » sud-coréen. Et de souligner que ce partenariat entre les deux deux groupes « contribuera à développer de futures opportunités technologiques sur le marché mondial ».
Par ailleurs, étant donné que la marine sud-coréenne n’a pas d’expérience en matière aéronavale, il est possible qu’elle noue, à l’avenir, un partenariat opérationnel avec la Royal Navy [ou l’US Marine Corps, qui utilise aussi des F-35B, ndlr]. Les manoeuvres – inédites – auxquelles viennent de participer le HMS Queen Elizabeth et le navire d’assaut amphibie sud-coréen ROK Dokdo en mer du Japon constituent sans doute les prémices d’une future coopération.
Maritime interoperability at its finest as the @RoyalNavy and ROK navy operate side by side conducting critical maritime manoeuvres. Thank you to the ROK Navy for their enthusiastic support to the #CSG21 deployment. pic.twitter.com/JN5dYiHbcC
— Commander UK Carrier Strike Group (@smrmoorhouse) August 31, 2021