Khartoum veut revoir l’accord relatif à l’installation d’une base navale russe à Port-Soudan

Du temps où il était dirigé par le président Omar el-Bechir, le Soudan entretenait de très bonnes relations avec la Russie, en particulier dans le domaine militaire. Ce qui se traduisit par l’achat d’équipements militaires russes, l’envoi de mercenaires de la société militaire privée [SMP] Wagner pour aider le régime à faire face aux mouvements de contestation et à la négociation de plusieurs accords, dont un prévoyait l’établissement d’un point d’appui pour la marine russe à Port-Soudan.

Le texte de cet accord a été rendu public par le gouvernement russe en novembre dernier. Dans le détail, il est question de construire un « centre logistique » sur un terrain cédé gratuitement par Khartoum en échange d’une « assistance gratuite » à la marine soudanaise dans les domaines du sauvetage et de la lutte « anti-sabotage ». La capacité de ce point d’appui doit être limitée à l’accueil simultané de quatre navires russes, y compris à propulsion nucléaire.

En outre, cet accord donne le droit à la marine russe d’importer et d’exporter « toutes les armes, munitions et équipmements » nécessaires au fonctionnement de ce point d’appui ainsi qu’à celui des navires susceptibles d’y faire escale.

Étant donné l’importance stratégique de la Corne de l’Afrique [notamment avec le détroit de Bab el-Mandeb], la Russie cherche depuis longtemps à disposer d’un point d’appui donnant sur la mer Rouge. Mais elle s’est heurtée au refus de Djibouti et sa tentative de s’implanter dans le Somaliland a tourné court. Aussi, l’accord avec le Soudan était-il le bienvenu…

Cependant, la situation a évolué depuis que le président Béchir a été destitué. Le Soudan a fini par établir des relations diplomatiques avec Israël et les États-Unis ont multiplié les égards à son endroit, comme, par exemple, en le retirant de leur liste des pays soutenant le terrorisme ou en lui accordant une aide pour rembourser une partie de sa dette envers la Banque mondiale.

À noter que Paris a pris le même chemin, le président Macron ayant récemment annoncé l’annulation de près de 5 milliards de dollars de créances françaises sur le Soudan et l’octroi d’un prêt relais de 1,5 milliard de dollars.

Quoi qu’il en soit, l’offensive diplomatique américaine ne sera sans doute pas sans conséquence sur la relation entre le Soudan et la Russie… Et l’accord relatif au point d’appui russe à Port-Soudan a visiblement du plomb dans l’aile.

En avril, la presse soudanaise a affirmé que Khartoum venait de décider de suspendre l’accord en question. Ce que les autorités russes ont démenti, assurant que leurs homologues soudanaises ne leur avait adressé aucune notification allant dans ce sens.

Le 1er juin, le général Mohamed Othman al-Hussein, chef d’état-major de l’armée soudanaise, n’a pas exactement confirmé les affirmations de la presse. En revanche, a-t-il dit, Khartoum souhaite revoir certaines clauses de l’accord conclu avec la Russie. Clauses qui, selon lui, seraient « quelque peu préjudiciables » pour le Soudan. Lesquelles exactement? Mystère.

Pour le général al-Hussein, tant que l’accord n’a pas encore été ratifié par le conseil législatif, les autorités soudanaises ont « la liberté de le discuter ». Dans le même temps, il a également souligné que le Soudan est en train de « reconstruire » ses « liens militaires avec les États-Unis »…

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