Traité FNI : Le président russe lance un avertissement aux États-Unis et aux Européens

Signé en 1987 par les États-Unis et l’Union soviétique afin de mettre un terme à la crise des Euromissiles, le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires, qui interdit tout missile ayant une portée comprise entre 500 et 5.500 km, vit, sauf coup de théâtre d’ici août prochain, ses derniers mois.

En effet, accusant Moscou, depuis au moins 2014, d’avoir enfreint ce traité en développant et en déployant le missile Novator 9M729 [ou SSC-8], Washington a fini par annoncer son intention de suspendre ses obligations prévues par ce texte. Rejetant les allégations américaines, la Russie a ensuite fait de même. Ce qui ouvre la voix à une possible nouvelle course aux armements en Europe.

Cependant, l’Otan, qui soutient la position américaine, indiqué qu’elle prendrait des mesures visant à renforcer sa « dissuasion », sans pour autant en donner le détail. En tout cas, pour les Européens, il est hors de question que le Vieux Continent « redevienne un champ de bataille pour d’autres puissances comme il l’a été dans le passé ».

Pour autant, lors d’un discours prononcé ce 20 février devant le Parlement, le président russe, Vladimir Poutine, assuré que la Russie se tiendrait prête dans le cas où des missiles de portée intermédiaire seraient envoyés en Europe par les États-Unis.

« La Russie n’a pas l’intention de déployer la première de tels missiles en Europe. S’ils sont déployés et livrés sur le continent européen, cela envenimera gravement la situation et créera de graves menaces pour la Russie », a en effet affirmé M. Poutine.

« Je vais le dire directement et explicitement afin que personne ne puisse nous reprocher quoi que ce soit et que tout le monde comprenne de quoi nous parlons ici. La Russie sera contrainte de développer et de déployer des armements qui pourraient être utilisés non seulement contre les territoires d’où peut provenir une menace directe, mais aussi contre ceux abritant les centres où des décisions sont prises quant à l’utilisation des systèmes de missiles qui nous menacent », a continé le chef du Kremlin.

Pour le moment, de tels missiles ne sont pas déployés en Europe… Et il n’est pas prévu d’en déployer. « La Russie tente de détourner l’attention en dénonçant les missiles cibles [de l’Otan] utilisés pour tester les intercepteurs des systèmes de défense. Mais ces derniers ne violent pas le traité », avait expliqué, fin janvier, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique. Et d’insister : « Il n’y a pas de nouveaux missiles américains en Europe, mais des nouveaux missiles russes qui sapent le traité. »

Si les propos de M. Poutine portaient sur le traité FNI, Moscou voit également une menace dans la défense antimissile de l’Otan, qui reposera, à terme, sur deux sites AEGIS Ashore [l’un en Roumanie, l’autre en Pologne], des destroyers Arleigh Burke américains et un centre de commandement installé à Ramstein [Allemagne].

« Nous le disons depuis le début […], nous en sommes convaincus : le déploiement du système antimissile est en soi une menace pour la sécurité de la Russie », avait en effet affirmé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, après l’inauguration d’un premier site AEGIS Ashore, à Deveselu, en 2016.

Quoi qu’il en soit, et ayant annoncé l’installation de missiles de croisière hypersoniques « Zircon » à bord des sous-marins nucléaires russes, M. Poutine a assuré que la Russie était toujours prête à discuter au sujet du traité FNI mais qu’elle ne comptait pas « frapper à une porte close », après avoir dénoncé les « accusations imaginaires » des États-Unis pour s’affranchir de ce texte.

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