L’industrie italienne de la défense prend ombrage du projet d’avion de combat franco-allemand

Comme annoncé, la semaine passée, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a signé une lettre d’intention officialisant ainsi la participation de son pays au projet de Système de combat aérien du futur [SCAF], lancé en juillet 2017 par la France et l’Allemagne.

« Membre historique de toutes les coopérations européennes récentes dans le domaine de l’aéronautique, l’Espagne devient un nouveau partenaire dans le projet du système de combat aérien du futur. Dans les prochaines semaines, les forces espagnoles rejoindront ainsi l’équipe franco-allemande conduisant les travaux déjà lancés. Des discussions sont par ailleurs engagées pour fixer les modalités de participation de l’industrie espagnole », a ainsi résumé un communiqué du ministère français des Armées.

Relation de cause à effet? Toujours est-il que ces trois pays ont [pour le moment] le point commun de ne pas avoir acquis l’avion de combat américain F-35, lequel « remet en cause les normes établies au sein de l’Otan en matière d’interopérabilité », avait expliqué Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, lors d’une audition parlementaire en 2018.

Cela étant, Guido Crosetto, qui a la casquette de président de la Fédération des entreprises italiennes pour l’aérospatiale, la défense et la sécurité [AIAD] et celle de député, n’a pas ménagé ses critiques à l’endroit de la France et de l’Allemagne, qu’il accuse d’avoir voulu tenir l’Italie à l’écart du programme SCAF.

« L’accord sur un nouveau avion de combat européen entre l’Allemagne et la France laisse tous les autres en marge et, le seul autre pays à capacité industrielle égale étant l’Italie, l’accord est clairement contre lui », a ainsi déclaré M. Crosetto, dans un entretien donné à Defense News.

« Est-ce que la France et l’Allemagne ont essayé d’impliquer l’Italie? En outre, si deux grands pays européens concluent des accords sur ces questions, comment les autres partenaires de l’UE devraient-ils réagir? a-t-il ensuite demandé. Aussi, a-t-il enchaîné, « le risque évident est un affaiblissement de l’Union elle-même sur un sujet stratégique, tel que celui de la Défense. »

Il est vrai que l’industrie aéronautique italienne est dynamique, au point, d’ailleurs, de jouer un rôle relativement important dans le programme F-35. En outre, Leonardo fait partie du consortium Eurofighter et prend part au projet de drone européen MALE RPAS, mené en coopération avec la France, l’Allemagne et l’Espagne.

Aussi, pour le président de l’AIAD, Rome devrait se tourner vers Londres et faire fi des conséquences du Brexit. « L’Italie pourrait facilement suivre le Royaume-Uni dans le projet Tempest », a-t-il en dit.

Si Leonardo est déjà impliqué aux côtés de BAE Systems pour ce programme d’avion de combat de 6e génération, annoncé en juillet 2018, à l’occasion du salon de Farnborough, aucun accord entre Londres et Rome n’a pour le moment été passé.

Ce qui devrait sans doute être fait prochainement, à en croire les propos tenus récemment par Angelo Tofalo, le sous-secrétaire d’État au ministère italien de la Défense. En effet, ce dernier a estimé que l’Italie devait « entrer dans le programme [Tempest] immédiatement ». Quant au Brexit, il ne posera « qu’un problème bureaucratique et administratif, les relations entre les deux pays resteront excellentes », a assuré M. Crosetto.

Par ailleurs, ce dernier a également estimé que le gouvernement italien devrait « investir davantage dans le secteur de la défense » afin de gagner en compétitivité et de « peser davantage » à Bruxelles. Sous entendu : pour bénéficier du Fonds européen de défense [FED].

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