Syrie/FREMM Auvergne : Un diplomate français accuse Moscou d’avoir lancé la « machine à fausses nouvelles »
La réaction du ministère français des Affaires étrangères aux affirmations de Moscou, selon lesquelles la frégate multimissions [FREMM] « Auvergne » aurait été impliquée dans la disparition d’un avion de renseignement russe Iliouchine Il-20 « Coot » au large de la Syrie, aura été pour le moins très légère.
Interrogé sur cette affaire, lors du point de presse du 18 septembre, le porte-parole du Quai d’Orsay a fait une réponse succinte : « Nous vous renvoyons aux déclarations de l’État-major des armées », a-t-il dit. Déclarations qui ont démenti catégoriquement toute implication de la FREMM « Auvergne ».
Certes, le ministère russe de la Défense a rapidement fait volte-face en indiquant que l’Il-20 « Coot » avait finalement été atteint par un missile tiré par un système S-200 mis en oeuvre par la défense aérienne syrienne contre des F-16 israéliens qui venaient de bombarder un site militaire à Lattaquié. Cependant, le mal était déjà fait…
Au passage, l’on peut se demander pourquoi l’état-major russe a-t-il cherché à impliquer la frégate française dans cet incident en affirmant qu’elle avait lancé des missiles, sans plus de précision (était-ce des missiles de croisière navals ou des missiles surface-air Aster 15?). La mission de l’Iliouchine Il-20, conçu pour la collecte de renseignements d’origine électro-magnétique, avait-elle un rapport avec la présence du navire de la Marine nationale en Méditerranée orientale?
Reste que les allégations de Moscou au sujet de la FREMM Auvergne ont donné du grain à moudre à quelques « experts » militaires, qui ont multiplié les commentaires dans la presse russe. Comme ce Mikhail Khodaryonok.
« La frégate de la marine française […] n’a pas contribué à améliorer la situation aérienne, en créant des difficultés supplémentaires à la défense aérienne syrienne », a-t-il dit, estimant que la FREMM « Auvergne » était « au mauvais endroit. » Et d’ajouter, sans la moindre précaution élementaire, qu’en « lançant des missiles de croisière », elle « n’a fait que compliquer la situation dans cette partie de la mer Méditerranée, déjà difficile. » D’où sa conclusion : « C’est pourquoi la perte d’un avion russe Il-20 est en partie la faute de la France. »
Visiblement, seul l’ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud, connu pour son franc-parler, aura reproché l’attitude de la Russie, l’accusant d’avoir lancé « la machine aux fausses nouvelles » en incriminant la FREMM « Auvergne ».
Russian fake news machine getting mad : accusing the French to have shot down a Russian plane (in fact victim of a Syrian « friend » fire)
— Gérard Araud (@GerardAraud) 18 septembre 2018
« La machine russe à fausses nouvelles devient folle : on accuse les Français d’avoir abattu un avion russe (en fait victime d’un tir ‘ami’ syrien) », a en effet réagi M. Araud, via Twitter. Et encore, il ne s’agit pas d’une réaction officielle étant donné que le compte du diplomate sur ce réseau social est personnel, c’est à dire que ses propos n’engagent que lui.
S’informer seulement sur Twitter ✅
Reprise de fake news – démenties par la Russie elle-même ✅
Remise en cause de la qualité de nos forces ✅
Dénonciation de la France et pas du régime syrien ✅ https://t.co/t1SDTWgFG3— Florence Parly (@florence_parly) 18 septembre 2018
Cela étant, la ministre des Armées, Florence Parly, a réagi à cette affaire via sa page officielle sur Twitter, en dénonçant, au travers des propos de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de la France insoumise, ceux qui ont pris pour argent comptant les allégations russes au sujet de la FREMM « Auvergne ».
Photo : FREMM Auvergne (c) Marine nationale