L’armée de Terre compte remettre à niveau des capacités amoindries par des années de contraintes budgétaires

« On va écrire une nouvelle page de notre histoire militaire avec un regard tourné vers la remontée en puissance de nos forces », a lancé le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), lors d’une rencontre avec les députés de la commission de la Défense nationale, le 19 septembre, à Satory-Versailles.

En tenant ces propos, le général Bosser a évoqué la hausse annoncée du budget des Armées, qui devrait être de 1,8 milliard d’euros en 2018, puis de 1,6 milliard par an jusqu’en 2022.

Cependant, cet effort, aussi important soit-il, sera insuffisant pour atteindre les 50 milliards d’euros de budget (hors pensions, hors opérations extérieures) d’ici 2025, comme l’avait promis le président Macron durant la course à l’Élysée. Sauf à consentir une hausse encore plus importante après 2022.

Qui plus est, comme a déjà eu l’occasion de le préciser Édouard Philippe, le Premier ministre, les Armées devraient avoir à supporter la totalité des surcoûts liés aux opérations extérieures, ce qui relativise la portée de l’effort budgétaire annoncé. Aussi, les besoins à financer étant conséquents (modernisation de la dissuasion nucléaire, patrouilleurs pour la Marine nationale, nouveaux blindés, etc), il y aura des choix à faire. À moins de trouver des marges de manoeuvres avec l’amélioration (espérée) des indicateurs économiques…

Quoi qu’il en soit, pour le général Bosser, il ne faut pas s’attendre à ce que tout soit possible. « On n’aura peut-être pas tout dans les quatre années qui viennent […] Mais avec ce qui nous est promis au plan du cadrage financier, on a quand même les capacités de remonter », a-t-il dit.

Cet effort budgétaire devrait d’abord permettre de renforcer la protection des soldats engagés sur des théâtres extérieurs. Le général Bosser a en effet indiqué que la force Barkhane a été visée cet été, par au moins un engin explosif improvisé (IED) par semaine. Et cela alors que 60% des véhicules blindés ne sont pas équipés du niveau de protection nécessaire contre ce type de menace.

Alors qu’il défend l’idée d’accélérer le programme Scorpion, qui prévoit le renouvellement des véhicules de l’armée de Terre, le CEMAT a, sans surprise, pour priorité de « réparer » les dégâts, c’est à dire de « remettre à niveau certaines fonctions opérationnelles qui ont souffert ces 20 dernières années ». À titre d’exemple, le général Bosser a cité la capacité « extrêmement faible » en matière de franchissement de fleuves, ce qui pourrait être utile, le cas échéant, en cas d’opération militaire en Europe.

Mais comme l’armée de Terre « n’aura peut-être pas tout » d’ici 2022, le général Bosser a admis qu’il faudra sans doute « aller chercher chez nos alliés, au moins dans un premier temps, une partie de ce que nous n’avons plus ou pas encore. » Et d’ajouter : « Il y a des fonctions opérationnelles qu’on peut mutualiser avec nos camarades britanniques ou allemands. »

« Aujourd’hui on ne ferait pas nos opérations sans nos alliés, les Allemands en particulier et d’autres Européens (..) qui nous aident sur le transport, le renseignement », a renchéri le général Bertrand Houïtte de la Chesnais, le major général de l’armée de Terre.

Dans l’immédiat, c’est vers la Belgique que les regards se tournent, d’autant plus que Bruxelles a fait le choix d’acquérir des véhicules du programme Scorpion (417 Véhicule blindé multi-rôles  » Griffon » et 60 Engins blindés de reconnaissance et de combat « Jaguar »).

« On ira bien au-delà de l’achat de matériels avec la Belgique […] On a plein de possibilités », a lâché le MGAT, sans plus de précision.

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