Au moins 15 pays de l’Otan se disent prêts à envoyer des troupes en Afghanistan

 

Cette année, l’Afghanistan a connu le pire mois de Ramadan depuis 2001, avec au moins 200 tués, essentiellement des civils, et plus de 700 blessés. Ce bilan est largement dû à l’attentat suicide qui, commis contre le quartier diplomatique de Kaboul, le 31 mai, n’a toujours pas été revendiqué.

En outre, les taliban ont encore accentué leur pression sur certaines provinces, en particulier dans celles du Helmand, de Paktia et de Parwan. Enfin, il faut aussi compter sur la présence de la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (EI-K), qui a pris le contrôle des montagnes de Tora Bora.

« C’était le mois le plus meurtrier pour les Afghans pieux et pour tous ceux qui observent le jeûne », a commenté le général Abdul Wahid Taqat, un analyste politique cité par l’AFP. « Ils ont tué partout où ils pouvaient, dans les mosquées, dans les rues … parce qu’ils pensent que plus ils tuent plus grande sera la récompense », a-t-il continué. Et d’ajouter : « Les Taliban, Daesh (acronyme arabe de l’EI), el-Qaëda, tous concourrent à faire de 2017 l’année la plus meurtrière, comme un avertissement donné aux Etats-Unis qui envisagent de renforcer leurs troupes en Afghanistan. »

Lors d’une réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan, le chef du Pentagone, l’ex-général James Mattis, a estimé que le retrait des troupes occidentales, alors engagées dans la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), avait eu lieu trop tôt.

« En regardant en arrière, il y a à peu près un consensus sur le fait que nous avons peut-être retiré nos troupes trop rapidement », a déclaré M. Mattis. « Vous ne pouvez dire :’ j’en ai marre’, rentrer chez vous et ensuite être frappés de nouveau » par le terrorisme, a-t-il lancé. « La grande question est : ‘Quel serait le prix si on ne menait pas cette guerre?’ Je ne suis pas prêt à payer ce prix », a-t-il conclu.

Depuis janvier 2015, la mission Resolute Support, conduite par l’Otan, a pris le relais de l’ISAF, avec environ 13.500 militaires chargés d’assurer la formation et l’entraînement d’une armée nationale afghane (ANA) sous pression.

Devant cette dégradation de la situation en Afghanistan, l’Otan est sollicitée pour y envoyer des renforts, alors que les États-Unis envisageant déjà d’augmenter les effectifs de leur contingent déjà sur place de 3.000 à 4.000 hommes. Et visiblement, au moins 15 Alliés seraient prêts à fournir des troupes pour ce nouvel effort.

« Je peux confirmer que nous allons augmenter notre présence militaire en Afghanistan », a ainsi déclaré Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, le 29 juin. L’ampleur de ces renforts devrait être de 2.500 à 3.000 soldats. Toutefois, aucune annonce précise concernant les contributions des uns et des autres n’a été faite.

« Il ne s’agit pas de reprendre des opérations de combatmais « d’aider les Afghans à combattre et à assumer leurs responsabilités en termes de sécurité « , a fait valoir M. Stoltenberg.

Trois domaines exigeraient un effort particulier de l’Otan en faveur de l’armée afghane : le reforcement des forces spéciales, le soutien au développement des forces aériennes afghanes et la formation des cadres.

Il faut « s’assurer que nous sommes capables de sortir de l’impasse et de préparer le terrain pour une solution politique », a par ailleurs affirmé é M. Stoltenberg, avant d’estimer que « la corruption est une menace stratégique très grave, l’une des raisons pour lesquelles l’Afghanistan souffre toujours de l’instabilité et de la violence. »

« La situation politique et sécuritaire en Afghanistan va presque certainement se détériorer tout au long de 2018, même avec une modeste augmentation de l’aide militaire des Etats-Unis et de leurs partenaires » de l’Otan, avait récemment déclaré Dan Coats, le directeur national du renseignement américain.

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