La coalition anti-EI reconnaît utiliser des munitions au phosphore blanc à Mossoul

La coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis a admis, pour la première fois, utiliser des munitions au phosphore blanc à Mossoul, où les forces irakiennes tentent de chasser l’État islamique (EI ou Daesh) depuis octobre 2016. Ce que plusieurs photographies et vidéos, diffusées ces derniers mois sur les réseaux sociaux, tendaient à accréditer.

En se consumant, les munitions au phosphore blanc dégagent une vive lumière ainsi qu’une abondante fumée blanche, ce qui permet d’éclairer une zone, marquer une cible ou bien encore créer un écran de fumée afin de masquer une position amie au regard de l’adversaire. Mais elles peuvent aussi être utilisée comme armes incendiaires, ce qui ne manque pas de susciter des polémiques quand elles sont utilisées.

À Mossoul, où le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a récemment condamné l’assassinat, par Daesh, de 231 civils ayant voulu fuir les combats et signalé une « augmentation significative du nombre de ces exécutions », les munitions au phosphore blanc sont officiellement utilisées pour leur propriété fumigène.

« Nous avons fait usage de phosphore blanc dans l’ouest de Mossoul pour créer un écran de fumée et permettre aux civils de fuir », a en effet expliqué, le 13 juin, le général néo-zélandais Hugh McAslan, commandant adjoint de la composante terrestre de la coalition anti-EI, sur les ondes de la radio publique américaine NPR.

Interrogé sur cette question, le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition, a refusé de « discuter les détails de l’utilisation de nos munitions ou de nos capacités (militaires). » Mais il toutefois précisé que les munitions au phosphore blanc sont « utilisées conformément au droit de la guerre » et « en prenant en considération les effets possibles sur les civils et l’infrastructure civile. »

L’usage du phosphore blanc n’est interdit par aucun traité international. En revanche, il est encadré par le Protocole sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires du 10 octobre 1980, dont l’article 2 stipule qu’il est « interdit en toutes circonstances de faire d’un objectif militaire situé à l’intérieur d’une concentration de civils l’objet d’une attaque au moyen d’armes incendiaires lancées par aéronef. »

Quant à son article 3, il précise qu’il est « interdit en outre de faire d’un objectif militaire situé à l’intérieur d’une concentration de civils l’objet d’une attaque au moyen d’armes incendiaires autres que des armes incendiaires lancées par aéronef, sauf quand un tel objectif militaire est nettement à l’écart de la concentration de civils et quand toutes les précautions possibles ont été prises pour limiter les effets incendiaires à l’objectif militaire et pour éviter, et en tout état de cause, minimiser, les pertes accidentelles en vies humaines dans la population civile. »

En clair, les munitions au phosphore blanc peuvent être utilisées contre des cibles militaires à condition que ces dernières soient clairement à l’écart de positions civiles. Ce qui, à Mossoul ou à Raqqa [Syrie], où l’usage de ces bombes (ou obus) a également été rapporté, est compliqué…

Aussi, l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch a exhorté la coalition à faire preuve de mesure avec ces munitions. « Peu importe comment il est utilisé, le phosphore blanc présente un risque élevé d’effets néfastes et durables sur les villes densément peuplées », a fait valoir Steve Goose, le directeur de sa division « Armes ». « Les forces conduites par les Etats-Unis doivent prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les risques pour la population civile quand elles utilisent du phosphore blanc en Irak et en Syrie », a-t-il ajouté.

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