Centrafrique : M. Le Drian donne un satisfecit à la force Sangaris

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Le 5 décembre 2013, le président annonçait le lancement de l’opération Sangaris en République centrafricaine, alors en proie à des massacres intercommunautaires entre avec d’un côté, les ex-rebelles de la Séléka, une coalition à dominante musulmane, et, de l’autre, les miliciens anti-balaka, essentiellement chrétiens.

Quelques mois plus tôt, alors que les regards étaient tournés vers le Mali, le président en exercice, François Bozizé, fut déposé par la Séléka et remplacé par Michel Djotodia. Le résultat est que le pays, qui était déjà en difficulté, sombra dans le chaos, risquant de devenir un État failli, avec tout ce que cela pouvait supposer en terme de risques sécuritaires pour ses voisins. Il s’agissait également d’éviter une partition de la Centrafrique… Une issue envisagée, si n’est encouragée, par certains groupes armés prêts à faire main-basse sur les ressources minières du pays.

Au départ, l’intervention militaire française devait être courte tout en mobilisant pas plus de 1.600 hommes, appelés à agir aux côtés de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA). Finalement, elle est encore en cours, après avoir vu ses effectifs être portés à plus de 2.000 militaires au plus fort de la crise.

Cependant, la situation qui prévaut actuellement en Centrafrique n’a plus rien à voir avec celle constatée en décembre 2013. Et cela même si, pontuellement, il peut encore y avoir des flambée de violence.

En tout cas, le 23 juillet, à l’occasion d’un déplacement à Bangui, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait le bilan de l’action de l’opération Sangaris, plus de 18 mois après son lancement. Le dispositif de cette dernière repose actuellement sur le Groupement tactique interarmes (GTIA) Centurion, avec ses appuis et soutiens et compte 900 militaires environ.

Ainsi, le ministre a tenu à partager trois « motifs légitimes de satisfaction », à savoir l’action de Sangaris qui a permis d’éviter de nombreux massacres et une crise humanitaire, le déploiement de la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) et « l’engagement européen qui s’inscrit désormais dans la durée », avec l’European military advisory mission (EUMAM) de l’Union européenne.

« Ces trois acteurs complémentaires ont contribué à créer l’environnement nécessaire à la mise en oeuvre d’une feuille de route de transition telle que négociée dans le cadre de la médiation menée sous l’égide du Président Denis Sassou N’Guesso », a ainsi estimé M. Le Drian, pour qui il est désormais possible « d’envisager une sortie de crise » pour la RCA.

S’agissant du premier motif, le ministre a rappelé que, alors que la Centrafrique, et notamment Bangui, était le théâtre de violences jamais vues jusqu’alors dans ce pays, l’opération Sangaris « a permis d’arrêter cet engrenage terrible et d’éviter des massacres qui eussent été pire encore » puis de sécuriser les « centres névralgiques, carrefours et villes comme Kaga Bandoro ou Bambari, où les groupes armés animés par un esprit de prédation, sévissaient contre les populations civiles locales ».

Pour autant, de nouvelles violences sont toujours possibles, comme l’a souligné M. Le Drian. « Des tensions persistent. Des perturbateurs voyant leur pouvoir disparaitre, voyant aussi des ressources leur échapper, sont encore prêts à troubler l’ordre à Bangui comme en province », a-t-il dit.

Aussi, a-t-il ajouté à l’adresse des militaires français, « collectivement, j’attends de vous que Sangaris s’insère encore davantage dans une logique de force de réaction au profit de la MINUSCA, ce qui exige une fine connaissance de la situation et une planification partagée avec les forces de l’ONU ».

D’où le second motif de satisfaction du ministre : l’efficacité de la coordination entre la force Sangaris et les casques bleus de la MINUSCA, lesquels sont « en première ligne » par les militaires français leur ont « préparé le terrain » et « livré une situation sécuritaire favorable à leur déploiement ».

Quant au dernier, il concerne la mission européenne EUFOR RCA, laquelle a « indéniablement accru notre liberté d’action en province » et « d’atteindre le plein déploiement de la MINUSCA ». Et d’ajouter : « Son action dans Bangui a été saluée par tous et a démontré, une fois encore, le savoir-faire des armées européennes ».

Sur ce dernier point, l’on peut être mesuré. Si, en effet, l’action d’EUFOR RCA a été efficace, il ne faut pas oublier que cette mission n’a pu être lancée – dans la douleur – grâce à une participation conséquente de la France (une compagnie d’infanterie et des gendarmes) et de la Géorgie, pays qui n’est pourtant pas membre de l’Union européenne.

Quoi qu’il en soit, désormais, et après la tenue du forum de Bangui, rendu possible grâce à l’amélioration de la situation en Centrafrique, la transition politique est en bonne voie à Bangui, avec la tenue prochaine d’élections.

« Sans refaire l’histoire récente, je constate que malgré plusieurs soubresauts, qui sont inévitables dans toute crise, nous avons pu mettre en oeuvre une méthode alliant respect de la souveraineté de la RCA, mise en responsabilité des acteurs centrafricains, et surtoutaccompagnement attentif de la France, de l’Europe et de l’ensemble de la communauté internationale », a relevé M. Le Drian.

« Ce bilan de l’action de la France, c’est vous aussi qui l’incarnez », a encore dit le ministre aux militaires de Sangaris. « Il implique que chacun d’entre vous se sente responsable et serve avec dévouement et sens des valeurs », a-t-il conclu, avant de leur renouveler tout sa « confiance ».

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