Pour M. Obama, la crise politique au Yémen ne remet pas en cause les opérations contre al-Qaïda

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En 2009, les États-Unis renforcèrent leur aide accordée au Yémen en matière de lutte antiterroriste. Cette année-là, 13 personnes avaient été tuées à Fort Hood par Malik Nadal Hasan, un psychiatre de l’US Army qui était en contact avec Anwar Aulaqui, un responsable d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Et, quelques semaines plus tard, cette même organisation fut à l’origine d’une tentative d’attentat à bord du vol commercial Amsterdam-Detroit.

Depuis, et dans le cadre d’une étroite collaboration avec les autorités yéménites, les drones américains ont frappé à plus de 110 reprises les positions tenues par AQPA au Yémen, pays où cette branche du réseau fondé par Oussama ben Laden a établi ses camps d’entraînement, en y profitant de l’affaiblissement de l’État, alors également aux prises avec la rébellion houthiste (d’inspiration zaïdiste, un courant du chiisme) et grâce à jeu trouble du président Saleh, contraint à quitter le pouvoir en 2012 sous la pression populaire.

Seulement, la semaine passée, le gouvernement yéménite a démissionné, après l’entrée à Sanaa de rebelles houthistes, a priori soutenus par des partisans de l’ex-président Saleh. Qu’allait donc devenir la coopération anti-terroriste entre les États-Unis et le Yémen?

« Nous sommes dans une situation bizarre où les Houthis, les ennemis de notre ennemi AQPA, ne sont pas du tout nos amis, et vont probablement perturber nos efforts pour renforcer l’armée et les forces de sécurité yéménites », a alors estimé Daniel Benjamin, chercheur au Dartmouth College, cité par l’AFP. « Les terroristes prospèrent dans le chaos et la menace contre les pays occidentaux pourrait s’amplifier », a-t-il ajouté.

Et, selon l’agence Reuters, citant des responsables américains, les opérations contre AQPA auraient été suspendues, le temps de voir ce qu’il va se passer à Sanaa. Dans la foulée, un porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, a affirmé que Washington entendait poursuivre la « coopération anti-terroriste avec les autorités yéménites »… Et qu’il n’y avait aucun changement de politique.

Au Pentagone, le contre-amiral John Kirby a estimé que les États-Unis devaient avoir une vue plus claire de l’évolution politique au Yémen avant « de prendre une décision ou de décider d’aller de l’avant de manière significative dans la lutte antiterroriste ». Puis il a indiqué qu’il serait « faux de conclure » à une arrêt des opérations américaines contre AQPA au Yémen, ni « qu’aucune mesure n’est prise lorsque et quand cela est nécessaire ».

Le 25 janvier, lors d’un déplacement en Inde, le président Obama a été encore plus clair. « Notre priorité est de maintenir la pression contre Al-Qaïda au Yémen et c’est ce que nous faisons, a-t-il dit, avant d’admettre que la tâche était difficile en raisonde la situation politique à Sanaa.

« J’ai lu des articles suggérant que nos activités antiterroristes avaient été suspendues : ce n’est pas exact », a-t-il poursuivi. « Nous continuerons de viser des cibles importantes à l’intérieur du Yémen et nous maintiendrons la pression nécessaire pour assurer la sécurité des Américains », a-t-il ajouté.

La preuve en est : quelques heures plus tard, trois membres présumés d’AQPA ont été tués dans une zone désertique entre les provinces de Marib et de Chabwa. Selon une source locale, un drone aurait tiré 4 missiles contre leur véhicule tout-terrain.

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