Afghanistan : L’engagement français prend fin avec le transfert de la responsabilité de l’aéroport de Kaboul au contingent turc
Si leur mission de combat a pris fin en 2012, les forces françaises de l’opération PAMIR ont cependant continué à être présentes en Afghanistan en assurant notamment le commandement de l’hôpital médico-chirurgical et de l’aéroport international de Kaboul ainsi que celui du laboratoire contre-IED européen. En outre, elles ont poursuivi la formation des forces de sécurité afghanes (opération EPIDOTE).
Progressivement, et à mesure du désengagement de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, la France a continué à réduire ses effectifs militaires. Et, ce 31 décembre, le général Philippe Lavigne, l’actuel commandant de l’aéroport de Kaboul passera le relai au Major General Cahit Bakir, des forces aériennes turques. Cela marquera la fin de l’engagement français en Afghanistan et donc de l’opération PAMIR, lancée voilà maintenant 13 ans.
D’abord situé à Kaboul, le centre de gravité des forces françaises s’est ensuite déplacé, à compter de 2006, vers l’est de l’Afghanistan, plus précisément dans le district de Surobi et la stratégique province de Kapisa. Au plus fort de cet engagement, l’opération PAMIR a compté jusqu’à 4.000 hommes, notamment au sein de la Task Force (ou brigade) La Fayette.
Les aviateurs et les marins ont joué un rôle important. Les premiers appareils non américains à intervenir en Afghanistan furent ceux du porte-avions Charles de Gaulle ainsi que les Mirage IV de l’armée de l’Air.
Au total, les avions de combat français (Rafale, Mirage 2000D, Mirage F1 et Super Étendard), mis en oeuvre depuis Douchambé (Tadjikistan) et Kandahar, ou encore par le porte-avions Charles de Gaulle, ont effectué 50.000 heures de vol, 500 tirs et 1.800 « show of force ». Le groupe aéronaval a été déployé à 5 reprises (2001, 2004, 2006, 2007 et 2010).
S’agissant de l’hôpital médico-chirurgical de Kaboul, ce dernier a assuré, quand il était sous responsabilité française, 55.000 consultations (dont 70% au profit des civils afghans), 5.000 interventions chirurgicales et 900 évacuations. Au moins 2.000 militaires français (dont 600 médecins) s’y sont relayés.
Les forces françaises ont également joué un rôle important dans la formation des forces de sécurité afghanes. La mission Epidote a ainsi permis de former 21.600 soldats afghans eet de contribuer à la formation de 7 bataillons – ou Kandak – dits de mêlée (infanterie et blindés). En outre, les militaires français ont constitué des équipes « OMLT » (Operational Mentoring and Liaison Team), détachées auprès des unités afghanes.
La Gendarmerie nationale a également pris part à cette mission de formation, en déployant des équipes POMLT (Police Operational Mentoring and Liaison Team), notamment en Surobi et en Kapisa, des instructeurs dans les centres de formation de la police afghane de Mazar-e-Sharif et du Wardak et des membres du GIGN.
En outre, l’engagement militaire français a permis de mener à bien de nombreux projets de développement au profit de la population afghane, dont la construction ou la rénovation d’une vingtaine de postes de sécurité, d’autant d’écoles, d’une quinzaine de cliniques ou encore le forage d’une centaine de puits afin d’améliorer l’accès à l’eau.
L’opération PAMIR aura donc marqué l’armée française, notamment pour ce qui concerne son expérience opérationnelle, avec le déploiement de nouveaux matériels (hélicoptère Tigre, Caesar, VBCI, drones). Depuis 2001, 70.000 militaires français ont été engagés en Afghanistan. Et 89 d’entre eux l’ont payé de leur vie tandis que 700 y ont été blessés.
L’un des faits marquants aura été l’embuscade d’Uzbeen (18 et 19 août 2008), au cours de laquelle 10 soldats français furent tués (ainsi que deux soldats et un interprète afghans).
« Cette embuscade a occasionné pour les armées françaises la plus grande perte de soldats, en une seule action de combat, sur l’ensemble de la période d’intervention française en Afghanistan », rappelle l’État-major des armées. « Face à cette embuscade, le comportement des soldats français a été exemplaire sous le feu et les actes d’héroïsme individuels et collectifs ont été nombreux. L’adversaire a été repoussé et une quarantaine d’insurgés a été mise hors de combat », souligne-t-il.
Récemment, un général américain a confié au New York Times qu’il ne savait pas s’il fallait être optimiste ou pessimiste au sujet de l’avenir de l’Afghanistan. Par rapport à la situation d’il y a 13 ans, le pays va mieux mais ses progrès sont fragiles… Et le sacrifice de ces 89 militaires français dans tout ça? Qu’en penser?
Une réponse a été donnée par la mère du capitaine Camille Levrel, mort pour la France le 14 août 2011 au cours d’une mission d’appui dans le sud de la Kapisa. « Il n’y a pas de mort pour rien dès l’instant que l’on donne sa vie pour les autres », avait-elle répondu, il y a 3 ans, à une question posée par le quotidien L’Alsace. « Même si l’on pense que la trêve, avant une possible nouvelle guerre civile, se terminera (…), depuis 2001, il y a eu beaucoup d’améliorations (…); certains villages, débarrassés des talibans, ont retrouvé la paix. Même (…) on prédit le chaos, ces gens là auront vécu un épisode de paix et de tranquillité et Camille aura contribué à cet effort pour soulager les populations. Sa mort n’a pas été inutile tout comme celles des autres soldats », avait-elle ajouté.
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« Pensez donc à tous ceux dont il ne reste qu’un seul nom gravé dans la pierre. Ils possédaient dans leur coeur les mêmes sentiments : l’amour de la patrie, la foi dans la vocation et l’humanité. Dites bien ça à ceux qui raillent de tels exemples, parlant de sacrifices inutiles, de gâchis, de folie ou d’insouciance. Ils sont morts par amour et par dévouement. Parlez de droiture, de courage, d’honneur, de don de soi et de désintéressement » (*)
(*) Message lors d’un baptême de promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan