Le travail trop méconnu réalisé par les gendarmes français en Afghanistan

En 2009, à l’initiative de la France, une Force européenne de gendarmerie a été envoyée en Afghanistan afin de former les membres de la police nationale afghane (ANP). Pourquoi les gendarmes? Tout simplement parce que leur statut militaire rendait plus facile le lancement d’une telle mission.

Depuis, 1.300 gendarmes français ont été envoyés en Afghanistan, que ce soit en qualité d’instructeurs dans les centres de formation de la police afghane de Mazar-e-Sharif et du Wardak ou de conseillers dans le cadre du dispositif POMLT (Police Operational Mentoring Liaison Team), notamment en Kapisa, où étaient déployées les troupes françaises. A noter que ces derniers ont permis, grâce à leur travail, de rendre plus sûr les axes pour le désengagement. Enfin, certains ont été affectés – et le sont encore – au laboratoire contre IED, installé au camp Warehouse, à Kaboul, ou bien encore à des états-majors.

Avec la fin de la mission de combat des forces françaises et la phase de retrait qui s’en est suivie, les effectifs de la gendarmerie en Afghanistan sont passés de 200 à 80 personnels, dont une bonne moitié est affectée au Centre d’entraînement national de la police du Wardak, qui, situé dans le camp de Saïdebad, est sous responsabilité française jusqu’à la fin du mois de mars prochain.

Le moins que l’on puisse dire est que la mission confiée à ces gendarmes n’a été que trop peu médiatisée alors que ces derniers ont réalisé un travail aussi intense que difficile. Ainsi, rien que pour le centre du Wardak, ils ont assuré l’instruction de plus de 5.000 policiers afghans en deux ans. Et cela alors que cette province reste encore très dangereuse et instable. Qui plus est, les personnels en formation – 1.200 actuellement – sont pour la plupart illettrés.

Quoi qu’il en soit, la mission parlementaire sur le retrait d’Afghanistan, a salué le « grand mérite » de ces gendarmes ainsi que leur travail de formation, qualifié de « fantastique » par Philippe Meunier, co-rapporteur avec Philippe Nauche.

Ce dernier, selon les deux députés, était « d’autant plus indispensable que nous avons constaté à Kaboul le bilan critiquable du programme de formation de l’ANP par l’Union européenne, appelé EUPOL ». Et d’ajouter : « Pour un coût élevé de 61 millions d’euros par an, il ne semble pas obtenir de résultats satisfaisants : absence d’évaluations, manque de suivi des personnels formés, impossibilité de se rendre sur le terrain. Le contraste avec le Wardak est saisissant. »

Le fait, un ancien responsable d’Eupol, Kai Vittrup, avait déploré, dans les colonnes du quotidien danois Politiken, en novembre 2010, l’inefficacité de cette mission européenne, à cause de la lenteur des prises de décisions. « Si nous avions dû suivre toutes les règles, nous n’aurions jamais pu commencer. Avec la force d’inertie qui existe dans le système de l’UE, la guerre aurait été finie avant qu’on n’ait le feu vert de Bruxelles », avait-il déclaré.

Cependant, et malgré tous ces efforts, les gendarmes restent prudents. « Le niveau des forces afghanes ne sera peut-être pas faramineux, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont meilleurs qu’il y a trois ans. On part en se disant qu’ils ont progressé », a récemment affirmé au quotidien Le Monde, le colonel Jean-Pierre Chenel, le commandant de la gendarmerie française en Afghanistan.

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