Les forces suédoises ont suspendu leur traque d’un engin sous-marin signalé dans l’archipel de Stockholm

« Le monde existe-t-il quand on ne le regarde pas? » Cette question résume le principe d’incertitude du physicien Werner Heisenberg. Et on peut la décliner : « Un objet existe-t-il quand on ne le trouve pas? Le contre-amiral Anders Grenstad, de la marine suédoise, serait susceptible de le penser…

Il y a une semaine, les forces armées suédoises ont lancé une vaste opération de recherche dans l’archipel de Stockholm (30.000 îles, îlots et récifs) après avoir reçu des informations crédibles ayant fait état d’activités sous-marines suspectes. Au total, 5 observations d’un bâtiment inconnu leur ont été communiquées. Une photographie – de mauvaise qualité – d’un engin suspect a même été diffusée.

Dans le même temps, la presse suédoise a évoqué l’interception – non confirmée par les autorités – de communications entre un point situé dans la zone de recherches et Kaliningrad, où est implanté l’état-major de la flotte russe de la Baltique. Il n’en fallait pas plus pour lancer les spéculations, d’autant plus qu’un navire spécialisé, doté d’un sous-marin de sauvetage, le « Professor Logachev », était signalé dans les parages.

Par la suite, Moscou a affirmé qu’aucun de ses sous-marins n’était en difficulté dans les eaux suédoises et a renvoyé vers les Pays-Bas. À son tour, La Haye a démenti les allégations russes.

Quoi qu’il en soit, après une semaine de recherches, les forces suédoises n’ont rien trouvé. Du coup, elles ont suspendu l’opération de « renseignement » lancée il y a 7 jours, la plus importante depuis la fin de la Guerre Froide. « La majeure partie des navires et des forces amphibies sont rentrés au port », a-t-elle indiqué, ce 24 octobre.

Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait rien eu… Et selon la marine suédoise, au moins un navire non identifié serait bel et bien entré dans les eaux territoriales de la Suède. « Nous estimons qu’il y en a eu au moins un [bateau, ndlr], au vu des images que nous regardons pour l’instant », a ainsi affirmé le contre-amiral Grenstad, lors d’une conférence de presse.

« L’évaluation des forces armées est qu’à l’intérieur de l’archipel de Stockholm s’est produite une activité sous-marine probablement étrangère », a ajouté l’officier, qui dirigeait les opérations de recherche.

Interrogé pour savoir si ce navire fantôme pouvait être russe, le contre-amiral Grenstad a botté en touche. « Je ne veux pas commenter ce que dit la Russie, nous n’avons pointé du doigt aucune nation comme soupçonnée d’avoir envoyé l’embarcation ou les embarcations en question », a-t-il répondu.

Dans le fond, les moyens mobilisés pour cette opération ont sans doute été insuffisants. Les forces suédoises ont ainsi vu leurs capacités anti-sous-marines amoindries avec les restrictions budgétaires, même si les corvettes Visby sont équipées de sonars. Elles ne disposent en effet plus d’hélicoptères spécialisés – leurs Vertol 107 ont été retirés du service il y a 3 ans – et les appareils censés les remplacer – des NH-90 – seront complétement opérationnels à partir de 2016/2020.