La Suisse pourrait acquérir de nouveaux avions de combat d’ici 2025

Lors d’une votation organisée en mai, les électeurs suisses ont retoqué le projet visant à acquérir 22 avions de combat Gripen E/F destinés à remplacer les 54 F-5 Tiger des forces aériennes de la Confédération. Et ces dernières ne disposeront plus, à partir de 2016, que de 32 F-18 Hornet livrés dans les années 1990, soit un nombre insuffisant pour assurer les missions qui leur sont confiées.

« Pour les forces aériennes, le problème essentiel est celui de la durée. Dès que l’on a une disponibilité élevée, c’est-à-dire des avions prêts à décoller, on use le capital en avions, la maintenance étant à la hauteur de la technicité de ces appareils. Les calculs ont été faits et refaits et on s’aperçoit qu’au bout d’un certain nombre de jours, ce capital de 32 avions fond comme neige au soleil. On ne peut pas garantir des missions 24 heures sur 24 au-delà de trois semaines », expliquait  Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de la Revue militaire suisse à SwissInfo.

En fait, pour assurer des missions de police du ciel 24h/24, 365 jours par an, il faudrait pouvoir compter sur environ 70 appareils étant donné qu’il faut pouvoir jouer sur les disponibilités, les opérations de maintenance ainsi que sur les heures de vol devant être affectés à la formation et à l’entraînement des pilotes.

Ainsi, l’aviation autrichienne, qui dispose de seulement 15 Eurofighter Typhoon, ne peut assurer en moyenne que seulement de 11 heures de permanence opérationnelle par jour. Et encore, elle s’appuie sur la douzaine d’antiques Saab 105 ÖE qui lui restent. En clair, la police du ciel en Autriche ne sera assurée que le matin… et pas l’après-midi. La faute au manque d’avions et à de nouvelles restrictions buudgétaires, qui passent mal, comme on peut l’imaginer, au sein de la Bundesheer.

Quoi qu’il en soit, la question de l’achat de nouveaux avions de combat va très vite se poser à nouveau à Berne. « Nous prévoyons une évaluation peut-être vers 2018, un programme d’armement vers 2022. On espère avoir les premiers avions de nouvelle génération vers 2025-2026. Mais il s’agit de la planification de l’armée, cela peut changer », a ainsi expliqué Ueli Maurer, le ministre suisse de la Défense.

Et cela d’autant plus qu’il n’est pas question de revenir sur le retrait du service des F-5 Tiger. Pourquoi? « Une revalorisation de la flotte de Tiger ou de parties de celle-ci n’est pas possible pour des raisons opérationnelles et financières. Les F-5 ne se laisseraient pas adapter aux nécessités modernes que ce soit pour le radar ou l’armement », a fait valoir Aldo C. Schellenberg, le commandant des Forces aériennes suisses.

« Cela n’a pas de sens d’adapter techniquement les vieux avions de combat Tiger que les Gripen devaient remplacer. Il faut rester réaliste », a aussi estimé M. Maurer, qui n’a pas donné suite à l’offre de Textron concernant son appareil Scorpion.

« Les Forces aériennes examinent suite au ‘non’ du peuple au Gripen une prolongation de vie modérée pour les 32 F/A-18 jusqu’à 2025. Il faut tout de même prévoir une relève à temps : l’argument principal reste la capacité à durer en temps de crise. Le service de police aérienne ne doit pas être la seule raison pour un nouvel avion de combat multi-rôle », a par ailleurs expliqué le Commandant de corps Schellenberg.

D’ici 10 ans, l’offre en matière avions de combat aura bien évidemment évolué. L’on saura si le F-35, qui n’est pas taillé à l’origine pour des missions de supériorité aérienne, tient ses promesses, le Rafale et l’Eurofighter présenteront des versions améliorées et la mise au point  Gripen E/F sera très probablement achevée.

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