Les Etats-Unis utiliseraient un drone Global Hawk pour repérer les lycéennes enlevées au Nigeria

globalhawk-20140515

La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont proposé, la semaine passée, à Abuja leur aide pour tenter de retrouver les quelque 200 lycéennes enlevées par Boko Haram à la mi-avril, dans le nord-est du Nigeria. D’ores et déjà, des équipes d’experts américains, britanniques et français sont à pied d’oeuvre dans ce pays marqué par les violences commises régulièrement par le groupe jihadiste.

L’on sait peu de choses sur les moyens engagés par Paris pour retrouver ces jeunes filles. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a expliqué que le président Hollande avait donné l’ordre de « mettre les services, comme on dit, à la disposition du Nigeria et des pays voisins » et évoqué l’envoi d’une « équipe spécialisée, avec tous nos moyens dans la région et des pays voisins ». Le 13 mai, via Twitter, il s’est borné à dire que « pour le repérage, nous avons sur place des éléments qui nous permettent de voir et d’entendre ».

Quant au Royaume-Uni, plus proche historiquement et culturellement du Nigeria que de la France, ne serait-ce qu’au niveau de la langue, le Premier ministre, David Cameron, a annoncé l’envoi à Abuja de « conseillers ». Selon le quotidien The Times, il s’agirait d’officiers de liaison du Special Air Service (SAS, forces spéciales).

Cette aide britannique sera renforcée par le déploiement d’un avion Sentinel R1 (version militaire du Global Express de Bombardier) doté de capteurs pour effectuer des missions de renseignement. Il était prévu de retirer cet appareil du service dans le cadre de la « Strategic Defence and Security Review » de 2010… Depuis, il a été engagé en Libye (2011) et au Mali (2013).

En outre, le Foreign Office a a assuré que la « mission britannique ne va pas seulement prendre en compte les récents incidents mais aussi les solutions anti-terroristes à long terme, afin d’empêcher de telles attaques dans le futur, et vaincre Boko Haram ».

S’agissant des moyens mis en oeuvre par les Etats-Unis (qui disposent déjà de bases discrètes en Afrique à partir desquelles des missions de renseignement sont effectuées), un responsable militaire a indiqué, à l’AFP, que drones de surveillance HALE (Haute Altitude Longue Endurance) de type RQ-4 Global Hawk ainsi qu’aun moins avion  Hawker-Beechcraft MC-12 développé à partir du Super King Air 350 pour des missions ISR étaient utilisés pour tenter de repérer les lycéennes.

Ce qu’a partiellement confirmé le Pentagone. « Je peux confirmer que nous utilisons des appareils de renseignement, de reconnaissance et de surveillance sans pilotes et avec pilotes dans la recherche des jeunes filles enlevée », a ainsi déclaré  le colonel Steven Warren, sans préciser les types d’appareils utilisés. « Ils sont non armés et utilisés uniquement à des fins de surveillance pour tenter de localiser les lycéennes », a-t-il seulement souligné.

Le RQ-4 Global Hawk est en mesure de couvrir une surface de 100.000 km2. Il doit succéder au célèbre avion espion U2 si, du moins, les élus du Congrès confirment le retrait de ce dernier. En tout cas, son utilisation au Nigeria ne peut que plaider qu’en sa faveur. En revanche, rien n’a été dit sur le lieu d’où ce drone imposant a décollé… Selon ABC News, il viendrait probablement de la base de Sigonella, en Italie.

« Les données recueillies par ces appareils n’ont cependant pas encore été transmises au gouvernement nigérian, car Washington travaille toujours avec Abuja à un accord de partage de renseignements » a toutefois expliqué le colonel Warren.

C’est la raison pour laquelle le général Rodriguez, le commandant de l’US Africom, le commandement du Pentagone pour l’Afrique, s’est rendu à Abuja, le 13 mai, afin de trouver un accord sur le partage des informations avec les autorités nigérianes. En effet, la loi américaine interdit d’échanger des renseignements avec des militaires étrangers accusés de violations des droits de l’homme (amendement « Leahy »). Or, l’armée nigériane a la réputation de ne pas faire dans la dentelle…

Cela étant, toutes les modalités concernant l’aide apportées au Nigeria devraient être abordée le 17 mai prochain, à l’occasion d’un sommet organisé à Paris dédié à la lutte contre Boko Haram, la crainte étant de voir ce groupe jihadiste étendre ses activités vers le Niger (une attaque a été signalée à Diffa, le 6 mai), au Cameroun (enlèvement de ressortissants français), voire même la Centrafrique (c’est d’ailleurs une des raisons de l’opération Sangaris : empêcher que ce pays devienne une zone refuge pour les terroristes).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]