Nouvelles tensions séparatistes dans l’est de l’Ukraine
Le scénario de la Crimée commence à se répéter pour le reste de l’est ukrainien. Les 6 et 7 avril, des partisans pro-russes ont investi des bâtiments administratifs à Donetsk et Kharkiv et réclamé la tenue d’un référendum le 11 mai prochain, soit avant la tenue de l’élection présidentielle ukrainienne.
A Kiev, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a averti que les « séparatistes qui prennent les armes, qui envahissent des habitants, seront traités comme le prévoient la Constitution et le lois, comme des terroristes et des criminels ».
« Les forces de l’ordre ne prendront jamais les armes contre des manifestants pacifiques », a ajouté M. Tourtchinov. Mais, a-t-il affirmée, « des armes à feu et des grenades ont été utilisées » contre celles qui ont été déployées à Kharkiv pour tenter de reprendre le contrôle des bâtiments gouvernementaux investis. « Plusieurs membres des forces de l’ordre ont été blessés », a-t-il rapporté, avant de faire état de tensions « provocations séparatistes » dans les régions de Dniepropetrovsk et Nikolaïevsk.
L’antenne locale du ministère ukrainien de l’Intérieur située à Kharkiv a annoncé l’arrestation de 70 activistes pour « séparatisme », « désordres de masse » et « mise en danger de la santé d’autrui » au cours d’une opération « anti-terroriste » menée les « Jaguars », une unité spéciale des forces de l’ordre.
A Moscou, où l’on prétend n’être pour rien dans ces tensions séparatistes, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé Kiev à cesser tout préparatif d’intervention dans les régions pro-russes de l’est ukrainien.
« Nous appelons à cesser immédiatement tout préparatif militaire, qui risque de déclencher une guerre civile », a-t-il fait savoir dans un communiqué diffusé ce 8 avril.
« Selon nos informations, des unités des forces de l’Intérieur et de la garde nationale ukrainienne affluent dans les régions du sud-est de l’Ukraine, notamment à Donetsk, avec des combattants du groupe armé illégal Pravy Sektor, un mouvement ultranationaliste ukrainien », a encore prétendu la diplomatie russe. Et d’ajouter : « Le fait que participent à cette opération environ 150 spécialistes américains du groupe militaire privé Greystone, qui ont revêtu l’uniforme de l’unité (ukrainienne) Sokol suscite une inquiétude particulière ».
Pour rappel, le président russe, Vladimir Poutine, a pris l’engagement de défendre « par tous les moyens » les populations russophones qui seraient menacées dans les républiques de l’ex-URSS. Et 40.000 soldats russes environ, dont 20.000 en Crimée, sont déployées à la frontière ukrainienne.
Par ailleurs, s’agissant des pourparlers sur l’Ukraine proposés par les Etats-Unis, la Russie a indiqué qu’elle y est disposée à condition que les régions russophones du sud-est du pays y soient représentées.
Et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a enfoncé le clou en affirmant exclure toute participation à une rencontre qui « ignorerait la contestation » dans le sud et l’est de l’Ukraine.
Dans ce contexte, la Maison Blanche a fait part, le 7 avril, de son inquiétude « face à plusieurs évolutions allant dans le sens d’une escalade au cours du week-end ». Son porte-parole, Jay Carney, a affirmé y voir « le résultat de pressions russes croissantes » en assurant qu’il y aurait des « preuves suggérant que certains manifestants pro-russes sont payés et ne vivent pas en Ukraine ».
« Nous appelons le président Poutine et son gouvernement à mettre un terme à leurs efforts pour déstabiliser l’Ukraine », a-t-il ajouté, avant de prévenir que « toute incursion des troupes russes dans l’est du pays serait considérée comme une escalade dangereuse ».
A Paris, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, n’a pas dit autre chose, ce 8 avril. « J’appelle la Russie à reculer et à ne pas jouer l’escalade de la situation dans l’est de l’Ukraine », a-t-il dit. « Si la Russie intervenait davantage en Ukraine, ce serait une erreur historique », a-t-il ajouté, en prévenant Moscou d’un risque d’isolement sur la scène internationale (ce qui reste à démontrer, cela dit…)
« L’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine est le plus grand défi posé à la sécurité de l’Europe en une génération », a encore insisté M. Rasmussen, qui a rappelé que la crise ukrainienne contraint l’Otan à « revoir ses plans de défense ».
En outre, M. Rasmussen a également prévenu que toute nouvelle action de la Russie en Ukraine aurait « de graves conséquences sur les relations » entre l’Alliance atlantique et Moscou, l’accord de coopération conclu en 1997 pouvant être menacé.