L’état-major sud-coréen veut acquérir 40 avions F-35

Le contrat portant sur l’acquisition, par Séoul, de 60 nouveaux avions de combat était promis à Boeing, avec son F-15 Silent Eagle. Le constructeur américain ne manquait pas d’arguments, à commencer par le fait que les forces aériennes sud-coréennes étaient déjà dotées d’une version plus ancienne de son appareil.

L’été dernier, l’appel d’offres lancé par Séoul pour remplacer les F-5 de la Republic of Korea Air Force (RoKAF) semblait même acquis pour Boeing, l’Eurofighter Typhoon ayant été écarté, de même que le F-35A de Lockheed-Martin, jugé trop cher pour l’enveloppe de 7,3 milliards de dollars prévue pouyr cette acquisition?

Seulement, c’était sans compter sur la pétition signée par 17 anciens officiers généraux de l’aviation sud-coréenne, lesquels dénoncèrent les modalités de l’appel d’offres, en particulier ses exigences sur le coût d’acquisition. « Nous ne pouvons pas choisir des voiturettes à la place de berlines simplement parce qu’elles sont moins chères », avait ainsi lancé le général Kim Hong-rae, ancien chef d’état-major  de la RoKAF, de 1994 à 1995. En clair, il s’agissait de plaider, subtilement, la cause du F-35…

Finalement, ces 17 anciens généraux furent entendu : en septembre, le comité de la DAPA (l’équivalent sud-coréen de la DGA française) décida de rejeter la candidature du F-15 SE et de recommencer la procédure… « Nous allons accélérer les choses afin de nous assurer que le vide dans notre défense nationale soit limité à un minimum de temps », avait alors expliqué un porte-parole.

L’on en était resté là jusqu’à la dernière réunion de l’état-major interarmées sud-coréen. A l’issue de cette dernière, il a été annoncé que les responsables militaires préconisaient l’achat de 40 F-35A afin de « mieux répondre à l’augmentation des menaces nucléaires balistiques de la Corée du Nord ». La décision n’est pas encore définitive étant donné qu’elle doit encore être approuvée au niveau gouvernemental.

L’appareil de Lockheed-Martin correspondrait aux exigences de l’état-major sud-coréen dans le cadre de la mise en place d’un système de défense pro-actif. Le F-35 serait ainsi utilisé pour frapper préventivement des cibles majeures en Corée du Nord dans le cas où les dirigeants de Pyongyang afficheraient leur volonté d’attaquer le Sud.

« Nous devons disposer d’avions de combat furtifs et dotés de capacités de guerre électronique pour pénétrer discrétement dans l’espace aérien nord-coréen et frapper des cibles clés », a expliqué un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense. « En achetant ces appareils, nous pouvons empêcher les provocations de la Corée du Nord de façon plus efficace », a-t-il ajouté.

Les premiers F-35 devraient être livrés à partir de 2018. Le coût d’acquisition des 40 exemplaires serait de l’ordre de 5,6 milliards de dollars. Pour autant, il est toujours question pour Séoul de commander 60 appareils au total. Les 20 restants, prévus pour entrer en service à compter de 2023, feront l’objet d’un appel d’offres ultérieur. Mais il paraît peut probable que ce nouveau contrat, si le processus va jusqu’au bout, échappe à Lockheed-Martin.

Reste que le choix du F-35 risque de compliquer le développement de l’avion de combat multi-rôle KF-X, dans la mesure où il y a des inquiétudes sur le niveau des transferts technologiques que le constructeur américain pourrait consentir à Séoul. Pour rappel, le consortium Euofighter avait propose d’investir 2 milliards de dollars dans ce programme sud-coréen, qui doit déboucher sur la production d’une centaine d’appareils destinés à remplacer les F-16 actuellement en service au sein de la RoKAF.

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