La Colombie accuse la Russie d’avoir violé son espace aérien

D’habitude, les bombardiers stratégiques russes font parler d’eux quand ils s’approchent d’un peu trop près de l’espace aérien de pays voisins. De juillet à septembre, l’aviation de chasse japonaise a ainsi décollé en alerte à 105 reprises pour aller intercepter des appareils russes (contre 80 pour des avions chinois). Le même phénomène est aussi constaté en Norvège, en Suède et dans les pays baltes.

En revanche, que des bombardiers russes ait violé l’espace aérien de la Colombie est inédit. Pourtant, c’est bel et bien ce qui est arrivé la semaine passée. Et le président colombien, Juan Manuel Santos, entend bien protester auprès de Moscou.

« Vendredi dernier, deux bombardiers russes ont survolé la Colombie alors qu’ils se rendaient du Venezuela au Nicaragua. Ce sont des avions militaires qui appartiennent à l’Etat russe, ils auraient dû demander une permission spéciale. Ils ne l’ont pas fait. Cela nous fait songer à envoyer une note de protestation au gouvernement russe. Notre ministère des Affaires étrangères s’en occupe », a-t-il en effet déclaré, le 6 novembre.

Les deux bombardiers russes – des Tu-160 « Blackjack » – ont été interceptés par deux chasseurs Kfir des forces aériennes colombiennes alors qu’ils survolaient l’archipel San Andrès y Providencia.

Selon Ria Novosti, ces deux appareils étaient arrivés au Venezuela le 28 octobre pour une missions de patrouille, après avoir avoir survolé l’Atlantique-Nord et « longé la côte sud-ouest de l’Amérique du Nord avant de se poser sur l’aérodrome de Maiquetía. Ils ont ensuite décollé pour rejoindre Managua, au Nicaragua, en passant par la mer des Caraïbes. Les Tu-160 sont revenus en Russie dans la nuit du 4 au 5 novembre.

Ce type de vol, d’après le ministre russe de la Défense, entre dans le cadre « d’un programme d’entraînement à long rayon d’action ». Et de préciser que les deux Tu-160 avaient « survolé les eaux neutres de la mer des Caraïbes avant de pénétrer dans l’espace aérien de la République du Nicaragua », laquelle compte acquérir du matériel militaire russe.

Visiblement, la définition d’eaux neutres ne doit pas être la même à Moscou qu’à Bogota. En fait, la souveraineté de l’archipel San Andrès y Providencia est revendiquée par le Nicaragua, qui a porté ce différend devant la Cour internationale de justice (CIJ), alors que les frontières des deux pays furent fixés définitivement (du moins le croyait-on) par le traité Esguerra-Barcenas, signé en 1928 à Managua. Il se trouve que les eaux de la zone contestée est riche en ressources halieutiques et qu’elles sont susceptibles de contenir d’importantes réserves pétrolières.

En novembre 2012, la CIJ a confirmé la souveraineté de la Colombie sur l’archipel San Andrès y Providencia tout en concédant au Nicaragua 40% des eaux territoriales (70.000 km2). Ce jugement de Salomon, pour le moins surprenant, n’a évidemment pas été du goût de Bogota, qui a fait appel de cette décision.

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