Le Parlement britannique dit non à une intervention militaire en Syrie

Pour le coup, c’est gênant. Très gênant même. Après avoir présenté un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies afin d’autoriser une intervention contre le régime de Bachar el-Assad, accusé d’avoir fait usage d’armes chimiques le 21 août dernier lors d’une attaque près de Damas, le Premier ministre britannique, David Cameron s’est vu infliger un camouflet de la part de la Chambre des Communes, lequel a refusé de l’autoriser à engager les forces armées du pays dans une opération militaire en Syrie.

Ainsi, la motion présentée par le gouvernement britannique a été repoussée à une courte majorité de 13 voix, à l’issue d’un débat qui aura duré près de 7 heures et au cours duquel David Cameron avait appelé les parlementaires à répondre par une « forte action humanitaire » à un « crime de guerre.

Seulement, le locataire du 10 Downing Street a admis ne pas avoir une « certitude à 100% sur la question de savoir qui est responsable. » Aussi, il a demandé aux parlementaires de « porter un jugement », en soulignant que « le fait que le gouvernement syrien possède et a utilisé des armes chimiques ne fait pas l’ombre d’un doute » et en prenant pour preuves les récits de témoins oculaires ainsi que les vidéos diffusées via les réseaux sociaux sur Internet.

Si, dans son ensemble, l’opposition travailliste, qui réclamait des « preuves convaincantes » pour engager les forces britanniques dans une opération militaire en Syrie, a voté contre la motion présentée par le gouvernement britannique, 30 parlementaires du Parti conservateur, dont est issu David Cameron, en ont fait de même.

« Je crois qu’aujourd’hui la Chambre des Communes a parlé pour le peuple britannique qui a dit qu’il ne voulait pas se précipiter vers la guerre », a commenté Ed Miliband, le chef du Parti travailliste. « J’étais déterminé à ce qu’on tire les leçons de l’Irak et je suis content qu’on ait fait entendre raison au Premier ministre ce soir », a-t-il poursuivi.

De son côté, David Cameron a admis que « que le Parlement britannique, qui reflète les opinions du peuple britannique, ne veut pas d’intervention militaire britannique. » « J’en prends note et le gouvernement agira en conséquence », a-t-il ajouté. « Je crois fermement à la nécessité d’une réponse forte face à l’usage d’armes chimiques. Mais je crois aussi au respect de la volonté de la Chambre des communes », a-t-il insisté.

Quant à Philip Hammond, le ministre britannique de la Défense, il a dit craindre que le résultat de ce vote puisse « peser sur la relation spéciale » établie entre Londres et Washington étant donné que le Royaume-Uni, qui a toujours été aux côtés des Etats-Unis quand il s’est agi d’intervenir en Irak ou en Afghanistan, ne répondra pas présent cette fois.

« Les États-Unis continueront à consulter le gouvernement britannique, l’un de nos alliés et amis les plus proches », mais « les décisions du président Obama seront guidées par ce qui est dans l’intérêt des États-Unis « , a relativisé Caitlin Hayden , la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain. « Le président pense que des intérêts cruciaux des Etats-Unis sont en jeu, et que les pays qui violent les règles internationales sur les armes chimiques doivent rendre des comptes », a-t-elle poursuivi.

Cependant, selon le patron du Pentagone, Chuck Hagel, Washington « recherche toujours une coalition internationale pour répondre à l’attaque présumée à l’arme chimique du régime de Damas sur des civils, malgré le rejet d’une intervention par le parlement britannique ». Et d’ajouter : « Il est de la responsabilité de chaque pays de prendre ses propres décisions. Nous continuons de consulter les Britanniques, comme les autres alliés. Cette consultation comprend des façons d’aller de l’avant ensemble pour répondre à cette attaque à l’arme chimique en Syrie. »

Le Royaume-Uni étant hors course pour une éventuelle intervention militaire en Syrie et plusieurs pays de l’Otan ayant fait part de leur refus d’y participer, comme l’Italie, la Belgique, la Pologne ou encore le Canada, les Etats-Unis pourront toujours compter sur la France, où, le Parlement aura également à débattre sur la situation syrienne sans toutefois se prononcer sur un éventuel engagement des forces françaises.

Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, et à propos de l’intervention militaire, le président Hollande a parlé d’une « sanction d’une violation monstrueuse des droits de la personne humaine » qui « aura valeur de dissuasion. » « Ne pas agir, ce serait laisser faire », a-t-il insisté, car, selon lui, « c’est la riposte, et non l’inertie, qui imposera une solution politique. »

En outre, le chef de l’Etat a rappelé que Paris « veut une action proportionnée et ferme contre le régime de Damas », en espérant qu’une coalition « la plus large possible » puisse se former. « Il y a peu de pays qui ont les capacités d’infliger une sanction par des moyens appropriés. La France en fait partie. Elle y est prête. Elle décidera de sa position en étroite liaison avec ses alliés », a-t-il affirmé.

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