Embrouille au sujet d’une route traversant un site militaire sensible
Servant à assurer les liaisons avec les sous-marins nucléaires de la Marine nationale, le Centre de transmissions militaires de Saint-Assise est traversé par la route communale 3, qui, dite route Saint-Leu, relie le village de Boissise-la-Bertrand et ses 1137 habitants à Cesson. Chaque jour, entre 700 et 800 véhicules empruntaient cet axe.
Le passé s’impose puisque ce n’est désormais plus possible, cette route communale ayant été fermée par arrêté préfectoral le 15 juillet pour des raisons de défense nationale. « Dès qu’on s’approche pour prendre des photos, des soldats armés s’approchent », a confié à l’AFP Marie-Claude Pignoux, Mme le maire de Boissise-la-Bertrand.
A ce sujet, et comme l’a fait remarquer le député François Cornut-Gentille, il n’est nul besoin de se rendre près de ce centre de transmissions pour en prendre des clichés : il suffit de consulter Google Maps pour en avoir, qui plus est de bonne qualité.
Mais là n’est sans doute pas la principale motivation de l’arrêté préfectoral. En effet, le vice-amiral Charles Edouard de Coriolis, l’actuel commandant de la Force océanique stratégique (Fost), aurait expliqué il y a quelques mois que cette décision s’imposait étant donné que la puissance du site allait être augmentée, avec l’ajout de deux antennes supplémentaires. Et puis il s’agit également d’une affaire de confidentialité des émissions radio.
Reste que la municipalité de Boissise-la-Bertrand n’en a cure car la fermeture de cette route ferait perdre « 20 minutes » aux habitants qui se rendent habituellement dans le reste de l’Île de France. D’après son maire, cette décision « enclave » le village. D’où le dépôt d’une requête devant le tribunal administratif de Melun pour excès de pouvoir afin de tenter de faire annuler l’arrêté préfectoral.
« Nous demandons qu’en contrepartie de la fermeture, l’Etat paye pour construire une voie de substitution », a fait valoir Mme le maire. « L’Armée a acheté ce terrain en 1991 en connaissance de cause car cette voie communale existe depuis le Moyen-Âge! Nous ne sommes pas contre la fermeture, à condition qu’il y ait une voie de remplacement. Au lieu de cela, la préfecture propose un dédommagement de 34790 euros. C’est se moquer du monde », avait vivement réagi son premier adjoint, Michel Ménard, au début du mois, dans les colonnes du Parisien.
Et l’élu d’expliquer ensuite que le ministère de la Défense avait proposé une « voie de substitution » qui aurait contourné le centre de transmissions. Mais l’offre a finalement fait long feu… « Une route de contournement du centre à travers les bois coûterait être 3 et 4 millions d’euros », avait affirmé le premier adjoint, tout en déplorant l’échec de ses démarches visant à demander une étude sanitaire sur l’impact des ondes.