Afghanistan : La mise en garde du commandant de l’ISAF

Le 28 mai dernier, le journal afghan Khaama Press indiquait que les commandos des 2e et 6e bataillons des forces spéciales de l’armée nationale afghane avaient mené une opération d’envergure dans la province de Kapisa, région dans la responsabilité était autrefois assumée par l’armée française. Au cours de cette mission, 4 insurgés furent tués et 86 autres faits prisonniers.

Quelques semaines plus tôt, une attaque contre des troupes américaines dans le secteur de Tagab, l’un des districts de la Kapisa, fut fatale à un « contractor ». Selon le compte-rendu de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, les assaillants avaient revêtu des uniformes de l’armée afghane avant de commettre cet attentat. Et des opérations contre les insurgés sont régulièrement menées dans cette zone, passée sous contrôle afghan en juillet 2012.

Si les forces locales sont capables de mettre hors d’état de nuire plus de 80 insurgés, alors il n’y aurait donc aucune raison de s’inquiéter quant à l’avenir du pays… Sauf si l’on considère que leur tâche relève du mythe de Sisyphe et qu’elles restent appuyées par des troupes américaines (éléments du 2e Bataillon du 7th Cavalry Regiment et forces spéciales) ainsi que par des moyens aériens de l’Otan.

Plus préoccupant encore est la capacité des taliban et d’autres groupes jihadistes, comme par exemple le Hezb-e-Islami, à frapper au coeur de la capitale afghane. Plusieurs attentats ont eu lieu à Kaboul en l’espace de quelques jours, dont un contre le bâtiment abritant la Cour suprême afghane (15 morts, 40 blessés), la semaine passée.

Cela étant, le processus de transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes devrait être achevé dans les jours prochains. « 5 districts dans 11 provinces seront inclus dans la cinquième et dernière étape », a confié un responsable de l’Otan, qui n’a pas voulu de donner de date pour des « raisons de sécurité. »

Tant que la mission de l’ISAF n’est pas terminée – elle le sera en décembre 2014 – les forces de sécurité afghanes peuvent compter sur l’appui de la coalition internationale. Mais que se passera-t-il par la suite?

Tout dépendra, selon  le général Joseph Dunford, le commandant de la force de l’Otan, de ce que décidera la communauté internationale après cette date. Et les propos qu’il a tenus le 14 juin dernier ne sont pas teintés d’optimisme, loin de là.

« Les progrès que nous avons faits ne seront pas durables sans un engagement international pérenne », a-t-il dit, devant plusieurs journalistes. Malgré plusieurs milliards de dollars d’aide promis à Kaboul par la communauté internationale, le général Dunford a estimé qu’il « faudra davantage d’investissement étranger pour faire de la police et de l’armée afghane des forces de sécurité combattantes modernes, efficaces et aptes à protéger la population, notamment face à la rébellion menée par les taliban. »

« Nous ne sommes pas encore là où on voudrait être en matière de stabilisation du pays », encore expliqué l’officier, pour qui il est nécessaire de conserver une « présence internationale continue en matière politique, sécuritaire et de développement est nécessaire pour asseoir les progrès (…) faits ces dernières années. »

« L’effort fait jusqu’ici est-il pérenne? », s’est-il demandé. « Je dirais que non, jusqu’à ce qu’on développe les procédures (et) institutions nécessaires pour soutenir une armée nationale moderne », a-t-il affirmé.

Cela étant, l’Otan a des plans pour l’après 2014. Au début du mois de juin, les ministres de le Défense des Etats membres ont abordé, dans les grandes lignes, un concept d’opérations (conops) d’une future mission en Afghanistan appelée « Resolute Support », dont l’objet serait de continuer à apporter un soutien aux forces afghanes avec une dizaine de milliers d’hommes.

Seulement, aucune décision définitive à ce sujet ne peut être prise pour le moment tant que Washington et Kaboul n’auront pas conclu un accord de sécurité ue, dans lequel l’immunité juridique serait donnée aux soldats américains. Mais d’après Foreign Policy, le patron du Pentagone, Chuck Hagel, aurait indiqué à des élus du Congrès que les discussions étaient entrées dans leur phase finale.

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