Le général rwandais Jean-Bosco Kazura commandera les casques bleus au Mali

La résolution 2010, adoptée en avril dernier, prévoit le déploiement au Mali de 12.500 casques bleus à compter du 1er juillet prochain, dans le cadre la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Cette dernière prendra ainsi le relais des forces françaises engagées dans l’opération Serval, lancée le 11 janvier dernier contre les groupes jihadistes qui menaçaient alors Bamako.

Une partie des effectifs de la MINUSMA sera constituée par les éléments de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali), amée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le Tchad.

L’on pouvait penser que le commandant de cette opération des Nations unies allait revenir à une officier général issu d’un des contingents déjà engagés sur le territoire malien. La candidature du Tchad était même encouragée par la France, étant donné que les troupes tchadiennes ont joué un rôle appréciable quand il s’était agi d’aller déloger les jihadistes dans l’Adrar des Ifoghas, où ils avaient établi leur sanctuaire.

Finalement, ce ne sera pas le cas. Certes, le futur commandant de la MINUSMA sera un africain puisqu’il s’agit du général Jean Bosco Kazura, de la Force de défense du Rwanda (RDF). Cet officier est un personnage pour le moins atypique. Ayant pris part à la rébellion et installé Paul Kagamé à la tête de son pays, il a notamment dirigé la Fédération rwandaise de football.

Le choix de confier le commandement de la MINUSMA a un officier rwandais a de quoi surprendre étant donné que Kigali est fortement soupçonné de soutenir les rebelles du M23 au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. D’ailleurs, les violences continues commises dans cette région ont conduit les Nations unies à muscler la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo) en la dotant d’une brigade d’intervention.

Mais c’est certainement l’expérience du général Kazura en matière de maintien de la paix qui aura convaincu les Nations unies de le nommer à la tête de la MINUSMA, où il sera secondé par un général nigérien. En effet, l’officier rwandais a été le commandant adjoint de la  la Mission de l’Union africaine au Soudan (Muas), remplacée au Darfour en 2007 par une opération conjointe ONU/UA.

Cela étant, le déploiement au Mali des casques bleus dépendra de la situation sécuritaire du pays. A ce sujet, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, n’a pas fait preuve d’un optimisme débordant à l’occasion de la sortie d’un rapport d’évaluation, le 10 juin, en soulignant notamment « le danger représenté par des éléments armés qui se déplacent vers des pays voisins pour mener des attaques terroristes et participer à des activités criminelles. »

Car selon le rapport, les groupes jihadistes, s’ils ont été considérablement affaiblis par l’intervention militaire française, « conservent la capacité de faire peser une menace importante » et « ont toujours des réseaux de soutien et des structures de recrutement. » Aussi, les casques bleus risquent d’être pris pour cibles. Qui plus est, les troupes africaines qui constitueront le noyau dur de la MINUSMA manquent de préparation et de matériels, comme par exemple les hélicoptères. « Après quatre mois de formation, les carences en termes d’entraînement et d’équipement sont encore importantes, souligne Ban Ki-moon », a souligné Ban Ki-moon. Cela étant, l’opération de l’ONU pourra compter sur une force d’intervention rapide de 1.000 soldats, fournie par la France.

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