Démission du chef d’état-major libyen
De nouveaux heurts ayant opposé, le 9 juin, à Benghazi, des manifestants à la Brigade « Bouclier de la Libye », composée d’anciens rebelles ayant combattu les forces du colonel Kadhafi et placé sous l’autorité du ministère de la Défense, auront eu raison du général Youssef al-Mangouch, le chef d’état-major des forces armées libyennes. Au vu du bilan de ces violences, il ne pouvait guère faire autrement : l’on compte au moins 31 personnes tuées et une centaine de blessés.
Depuis la chute du régime Kadhafi, les nouvelles autorités libyennes peinent à faire rentrer dans le rang les milices d’anciens rebelles. Ces dernières ne sont pratiquement sous aucun contrôle, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions. La preuve avec l’attaque de la caserne de la brigade « Bouclier de la Libye » par des manifestants exigeant que la sécurité soit assurée par des forces régulières.
A la fin de l’année 2011, il était prévu de lancer un plan visant à encourager les anciens combattants rebelles à intégrer les forces armées régulières ainsi que la police. Peine perdue. Mieux même, certaines de ces milices, comme celle au centre des affrontements de Benghazi, agissent au nom du ministère de la Défense. Ces dernières ont su se rendre indispensable car, sans elles, le gouvernement libyen serait dans l’incapacité de maintenir la sécurité dans de nombreuses régions, ce qui n’empêche pas les infiltrations de jihadistes, notamment dans le sud-ouest du pays…
Au soir des violences, le porte-parole de l’état-major libyen, Ali al-Chikhi est allé jusqu’à dire que « Bouclier de Libye » était « une force de réserve de l’armée libyenne » et que l’attaquer serait « une agression contre une force légitime ». Cette milice est commandée par Wissam Ben Hamid, un ex-rebelle d’une quarantaine d’années, connu pour entretenir des liens étroits avec les islamistes…
Quoi qu’il en soit, Jemaa Atiga, le vice-président du Congrès général national (CGN), a annoncé que l’assemblée avait donné au gouvernement un délai de 2 semaines pour mettre en place un plan visant à dissoudre les milices dépendantes des ministères de la Défense et de l’Intérieur et à encourager leurs membres à s’engager à titre individuel dans les forces armées et de police. Cela a quand même un air de déjà-vu…
En attendant, le seul tenu pour responsable est donc le général al-Mangouch, qui a remis sa démission le 9 juin. Nommé en janvier 2012 au poste de chef d’état-major, et cela après quelques péripéties, le général al-Mangouch devait remettre sur pied l’armée libyenne. Mis en retraite anticipée juste avant le début de l’insurrection, en février 2011, il avait participé aux combats dans les environs de Brega, avant d’être fait prisonnier par les forces loyalistes. Il avait été libéré lors de la chute de Tripoli, en août de la même année.
Depuis quelques mois, le général al-Mangouch était justement critiqué pour sa gestion des milices armées, certains l’ayant accusé de faire preuve de complaisance à leur égard. Mais sans doute n’est-il pas le seul à blâmer dans cette affaire…